Les forces de l’ordre prévoient une recrudescence marquée des saisies de cocaïne au Canada en 2022, dont celle que les cartels sud-américains expédient ici par avion.
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C’est ce que notre Bureau d’enquête a pu apprendre dans un rapport interne de l’Agence des services frontaliers du Canada (ASFC), qui tente d’empêcher cette drogue de franchir ses quelque 1200 points d’entrée répartis à la grandeur du pays.
Ces prévisions de l’ASFC tendent à corroborer les révélations qu’un membre du cartel mexicain de Sinaloa a faites à notre Bureau d’enquête, tel que nous le rapportions vendredi dernier.
Ce narcotrafiquant, qui agit aussi comme informateur de police, affirme que lui et d’autres exportateurs de drogue camouflent annuellement des centaines de kilos de cocaïne à bord des appareils d’Air Canada effectuant des vols directs entre Bogota, en Colombie, et Montréal ou Toronto.
Dès que l’avion arrive à destination, ces envois de 50 à 75 kg de coke par fret aérien à travers des marchandises légitimes — ou parfois même dans les soutes à bagages — sont aussitôt récupérés par des employés corrompus à la solde des cartels avant inspection des agents frontaliers.
PANDÉMIE MIEUX CONTRÔLÉE
Pareille situation va s’accentuer à mesure que la pandémie de COVID-19 deviendra sous contrôle, prédit l’ASFC.
«On s’attend à des pics (…) de saisies dans le fret aérien étant donné que les groupes du crime organisé tirent profit du fait que les réseaux de transport commencent à revenir à la normale et augmentent leurs volumes», peut-on lire dans ce rapport d’analyse produit par l’agence fédérale et auquel nous avons eu accès.
L’ASFC «s’attend à ce que les méthodes de dissimulation» visant à importer de la cocaïne «dans la structure des aéronefs deviennent de plus en plus fréquentes».
L’agence appréhende aussi le recours accru par ces organisations criminelles à des passeurs de drogue parmi les voyageurs.
CONSOMMATEURS PLUS NOMBREUX
En 2021, les agents frontaliers canadiens ont saisi deux fois moins de cocaïne qu’en 2017, en raison de la baisse du trafic aérien engendrée par la pandémie, selon des données obtenues par notre Bureau d’enquête auprès de l’ASFC.
Toutefois, l’agence s’attend à un revirement de situation alors que le pire de la crise sanitaire semble être passé.
Des augmentations généralisées de saisies de coke sont prévues pour tous les modes de transport sous surveillance, que ce soit aérien, maritime, postal et terrestre.
«La cocaïne demeure le stimulant le plus utilisé par la population canadienne», rappelle l’ASFC dans ce rapport.
Elle ajoute que «la pandémie a entraîné de plus en plus d’utilisateurs vers la consommation de drogues» et a «mis en évidence la flexibilité des groupes de trafiquants de cocaïne qui ont maintenu la disponibilité du produit partout dans le monde».
Les interceptions de colis postaux contenant de la cocaïne ont augmenté en flèche au Canada et ailleurs dans le monde durant la pandémie, selon l’ASFC.