in

Ventes d’entreprises d’ici: le nombre d’acquisitions par des étrangers explose

Ventes d'entreprises d'ici: le nombre d’acquisitions par des étrangers explose


Même si François Legault voulait que le Québec ne soit plus une « économie de succursales », le nombre d’entreprises d’ici vendues à des intérêts étrangers a crû de façon constante pendant son mandat, a constaté Le Journal.

• À lire aussi: L’État ne fait pas le poids face aux fonds hyperpuissants

• À lire aussi: Bio-K+ International vendue

• À lire aussi: Dans l’œil du Québec inc.: un poids lourd du secteur de l’érable vendu à des étrangers

• À lire aussi: Rachat d’entreprises: le Fonds FTQ se bat tous les jours contre les capitaux de l’extérieur

En 2018, 61 entreprises québécoises sont passées entre des mains étrangères, révèle une compilation effectuée à partir de données du ministère fédéral de l’Innovation. L’an dernier, ce sont 90 entreprises qui ont connu le même sort, soit 48 % de plus. 

Pendant les sept premiers mois de 2022, des étrangers ont mis la main sur pas moins de 70 entreprises d’ici, signe que la tendance à la hausse se poursuit.


Industries Bernard, actionnaires : Marcel, Victor, Yves, Paul et Richard.

Photo courtoisie

Industries Bernard, actionnaires : Marcel, Victor, Yves, Paul et Richard.

Ces derniers mois, des entreprises connues comme le Village Vacances Valcartier, les Industries Bernard (sirop d’érable), Vegpro (laitue), Ultima (yogourt) et Giant (chauffe-eau) ont toutes été cédées à des acheteurs étrangers.


Mathieu Drouin, vice-président du groupe Villages Valcartier.

Photo Stevens Leblanc

Mathieu Drouin, vice-président du groupe Villages Valcartier.

Même des Jordaniens

La plupart des acquéreurs sont américains ou européens, mais il y a des exceptions. Ainsi, en 2018, le producteur de tabac Bastos de Louiseville est passé dans le giron de la Jerusalem Cigarette Company, une entreprise palestinienne contrôlée par des intérêts jordaniens.

« Je ne connais pas de pays qui aime que ses entreprises phares se fassent acquérir par des étrangers. C’est une réaction normale », note Louis Hébert, professeur à HEC Montréal.

Ottawa trop indulgent ?

Le spécialiste relève que les fusions et acquisitions sont inévitables dans un contexte de mondialisation, mais il se demande si le Canada ne pourrait pas en faire plus pour protéger ses entreprises.

« On est un marché plus ouvert que beaucoup d’autres pays. On est plus indulgents de ce côté-là », estime-t-il. On se souvient par exemple qu’au début de 2021, la France avait empêché Couche-Tard d’acquérir le géant Carrefour.

Malaise 

Certaines transactions sont médiatisées, mais la plupart ne le sont pas. De nombreux entrepreneurs que nous avons contactés ont refusé net de discuter de la vente de leur « bébé ». 

« Il y a toujours un malaise au Québec quand tu réussis et quand tu fais un peu d’argent. Il ne faut pas que tu en parles », avance Bernard Poitras, qui a vendu son entreprise, Plastique Micron, à une firme américaine en 2019.

M. Poitras a décidé de vendre pour réduire le rythme et prendre soin de son père. « Il n’y avait pas d’entreprise dans notre domaine au Québec qui aurait pu nous acheter, celles qui auraient pu le faire étaient trop petites », explique-t-il.

L’entrepreneur souligne que l’acquéreur a maintenu les emplois au Québec. « Ils sont solides financièrement et ils ont fait beaucoup d’investissements. Ça assure la continuité des activités », se réjouit-il.

Bernard Poitras ne s’est pas assis sur la somme qu’il a touchée en vendant Micron. « La vie a été généreuse pour moi, alors aujourd’hui, j’aide des entrepreneurs autant avec mon temps qu’avec mes investissements », raconte-t-il.

« Un étranger va payer plus » 

M. Hébert comprend pourquoi il est souvent alléchant pour les entrepreneurs de vendre à des étrangers. On parle souvent d’acquéreurs du même secteur capables de réaliser des synergies ou de fonds privés aux poches profondes.

« Toutes choses étant égales par ailleurs, un étranger va payer plus, alors pour un entrepreneur qui veut favoriser son capital, vendre à un étranger c’est plus payant », affirme l’expert.

Celui-ci tient aussi à attirer l’attention sur les « champions québécois » comme WSP Global, CAE, TFI et Lightspeed, qui multiplient les acquisitions à l’étranger.

Selon le ministère de l’Économie, il y a eu, au cours des dernières années, plus d’entreprises québécoises qui ont réalisé des acquisitions à l’étranger que l’inverse.

Quelques fleurons québécois disparus

2022 :

  • Vegpro
  • Industries Bernard 
  • Village Vacances Valcartier
  • Imagerie Matrox
  • Cominar (en partie)
  • Absolunet
  • PBSC (concept du Bixi)

2021 :

  • Element AI
  • Aliments Ultima
  • New Look 
  • Usines Giant
  • Spectra Premium
  • Ciment McInnis
  • Dubo Électrique

2020 :


Isabèle Chevalier, présidente de Bio-K Plus

Photo Pierre-Paul Poulin

Isabèle Chevalier, présidente de Bio-K Plus

  • Bio-K+
  • Semafo
  • Mobeewave
  • Bombardier Transport
  • Intelerad

2019 :

  • Groupe Maurice
  • TSO3
  • Mnubo
  • Moteurs Nordresa
  • Laboratoires Choisy
  • PH Vitres d’auto
  • COLO-D

2018 :

  • Camso
  • C Series
  • KDC/One 
  • Dicom Express
  • Pizzeria NO.900
  • Canneberges Atoka

Vous avez des informations à nous partager à propos de cette histoire?

Vous avez un scoop qui pourrait intéresser nos lecteurs?

Écrivez-nous à l’adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.



Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

le médecin en voyage professionnel est un consommateur comme un autre

le médecin en voyage professionnel est un consommateur comme un autre

La CAQ pourrait ravir l’Est-du-Québec au PQ

La CAQ pourrait ravir l’Est-du-Québec au PQ