« Mon objectif était de monter sur le podium, et mon rêve était de gagner ! » Dimanche 18 septembre, Grace Brown a frôlé son rêve. Lors du contre-la-montre inaugural des Mondiaux de cyclisme sur route de Wollongong, en Nouvelle-Galles-du-Sud (Australie), la native de Camperdown, dans l’Etat voisin du Victoria, était des premières à s’élancer. Les unes après les autres, ses concurrentes se sont cassé les dents sur le temps qu’elle a réalisé. Le pays hôte, lui, s’imaginait déjà la scène : sa championne nationale, victorieuse des Jeux du Commonwealth en juillet, s’adjugeant la couronne mondiale à domicile… Jusqu’à l’arrivée de la 45e et dernière engagée, la Néerlandaise Ellen van Dijk, championne du monde en titre de la spécialité, qui l’a devancée de douze petites secondes.
Grace Brown est passée tout près du sacre, mais son « objectif » a été atteint. L’Australienne a offert à son pays la deuxième médaille d’argent féminine de son histoire sur un chrono mondial, après celle d’Anna Wilson en 1999. Elle lui donne surtout une autre occasion de rêver, avec la course en ligne, samedi 24 septembre (Eurosport à 4 h 15 et France 3 à 5 heures). Au programme : un parcours de 164 kilomètres, vallonné, parsemé de passages propices « pour attaquer et s’échapper », résume la jeune femme. Sur le papier, ce tracé convient parfaitement aux qualités de la deuxième du dernier Liège-Bastogne-Liège (Belgique).
Mais la trentenaire n’est pas du genre à pécher par excès de confiance et elle sait qu’elle fait figure d’outsider face à la concurrence néerlandaise, dont les représentantes ont enlevé quatre des cinq derniers titres mondiaux – l’an passé à Louvain (Belgique), l’Italienne Elisa Balsamo avait devancé Marianne Vos sur le fil.
Il y a encore six ans, Grace Brown n’aurait jamais imaginé porter les espoirs de son pays dans l’une des compétitions les plus prestigieuses du cyclisme sur route. Pour cause, jusque-là, elle pratiquait… l’athlétisme. Mais des blessures à répétition ont eu raison de ses ambitions, et son père, Tony, a fini par la convaincre de troquer ses baskets de course pour les chaussures à cales. « J’ai autant d’expérience sur un vélo que Marianne Vos à 14 ans, s’amuse l’intéressée. Après, quand tu as un peu de maturité, tu peux plus rapidement identifier ce que tu dois faire pour t’améliorer. »
« Ça reste un exercice très solitaire »
De fait, tout s’est passé très vite pour Grace Brown. Au début de 2017, elle s’illustre avec deux 5e place sur la course en ligne et le contre-la-montre des championnats d’Océanie. A l’époque, la fédération australienne dispose encore d’une équipe de développement féminine et la retient dans un groupe de six coureuses envoyées en Europe pour y disputer quelques courses. Mais c’est véritablement l’année suivante que les choses s’accélèrent pour elle. Lauréate d’une bourse d’études de la fondation Amy Gillett, allouée aux jeunes talents féminins du cyclisme de son pays natal, elle est mise en relation avec Rochelle Gilmore, une ancienne championne locale, qui la recrute dans la formation britannique Wiggle High5. De mai à la mi-août, elle participe à une série de courses sur le Vieux Continent, dont La Course by Le Tour de France, épreuve d’un jour organisée par Amaury Sport Organisation (ASO), société gestionnaire de la Grande Boucle.
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