L’ancien Premier ministre réunit son mouvement pour plancher sur les prochains mois de ses députés à l’Assemblée nationale et s’affirme dans la majorité. Ses pensées restent pourtant bien tournées vers 2027.
Une rentrée très soigneusement préparée. Après une cure de silence en juillet et en août, Édouard Philippe est à Fontainebleau pour les premières journées parlementaires d’Horizons. Il se paie le luxe d’avoir en clôture sa successeure Élisabeth Borne. Une façon de se positionner un pied en macronie, un pied en dehors et de continuer à faire entendre sa propre partition.
Au menu de cet événement qui réunit les 30 députés du parti: des « ateliers prospectifs », suivant un terme qu’adore l’ancien Premier ministre mais surtout une réflexion sur le positionnement que veulent adopter ses élus à l’Assemblée nationale.
Organiser la stratégie au Palais Bourbon
« On a eu quelques petits moments de flottement à notre arrivée et on n’a assez vite compris que la majorité relative n’était pas forcément une bonne nouvelle pour nous », décrypte un parlementaire de son camp.
Alors que les proches du maire du Havre s’imaginaient en position de force avant les législatives, ce sont finalement Les Républicains qui sont au centre de toutes les attentions des macronistes. Sans leur vote, il est quasi impossible pour l’exécutif de faire voter les textes.
Horizons peut cependant arguer de réussites – 500 comités locaux officiellement créés en quelques mois et deux ministres (Christophe Béchu à la Transition écologique et Agnès Firmin Le Bodo chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé) – poussant ainsi ses élus à lancer des manœuvres.
Un vote contre le gouvernement
Le 25 juillet dernier, le groupe vote ainsi en faveur d’un amendement permettant d’allouer 120 millions d’euros aux départements pour faire face à la revalorisation du RSA qu’ils versent aux allocataires, contre l’avis de la majorité.
De quoi y voir pour certains des velléités d’indépendance d’Édouard Philippe, qui s’appuierait sur ses élus pour envoyer un message à Emmanuel Macron.
« Il n’y a aucune volonté de préparer un vote contre le gouvernement. Tout ça s’est fait dans une grande spontanéité », assure alors le député Horizons Frédéric Valletoux auprès de BFMTV.com.
Peut-être mais le geste est d’autant plus remarqué que l’ancien Premier ministre joue sa propre partition depuis des mois.
Une campagne d’adhésion en pleine campagne des législatives
Trois jours à peine avant le premier tour des législatives, le maire du Havre avait ainsi lancé une campagne d’adhésion à son mouvement, appelant dans une vidéo qui ressemble en tout point à un clip de campagne à « voir loin », sans avoir un mot pour le président.
« C’était une mauvaise manière, pas très élégante. On ne fait pas ce genre de chose en pleine campagne », analyse avec le recul un sénateur macroniste.
À la rentrée, l’heure n’est toujours pas aux cadeaux. Alors que le lancement du Conseil national de la refondation patine et laisse sceptique jusqu’aux députés Renaissance, Édouard Philippe, pourtant convié au titre de président de parti, décline le carton d’invitation, officiellement pour une visite au Québec.
Cartes postales
« Je suis encore dans le jeu politique français », lance-t-il à des étudiants français depuis Laval, avant de participer à une conférence avec les maires de Québec et de Laval sur « l’art de gouverner à l’heure des grands vertiges ».
« On est vraiment dans la communication politique à l’ancienne, avec des petits coucous à distance pour nous pourrir un peu l’ambiance », s’agace un élu de l’aile gauche de la majorité.
L’ex locataire de Matignon veille cependant à ne jamais trop franchir la limite et a même arrondi les angles ces derniers temps. Il s’est ainsi rapproché de François Bayrou, à la faveur des négociations des législatives et de la répartition financière des partenaires de Renaissance.
« L’espace est mince »
Le quinquagénaire n’hésite pas non à faire savoir au Parisien qu’il apprécie Élisabeth Borne avec qui il s’est « tapé de bonnes barres de rire ». La Première ministre sera d’ailleurs présente pour clôturer la journée parlementaire d’Horizons.
« Il est très conscient que sa réussite en 2027 ne pourra pas se faire si Emmanuel Macron échoue. Et en même temps, il ne peut pas dire que le président fait tout bien. Sinon, il n’a plus d’espace politique. L’espace est mince », juge un député LR.
Pour mettre de l’huile dans les rouges, des réunions sont désormais organisées chaque lundi entre Aurore Bergé, la patronne des députés Renaissance et ses homologues du Modem et Horizons, Jean-Paul Mattei et Laurent Marcangeli. Une façon pour la macronie de le contraindre et de lier son sort à celui de la majorité.