Il n’entend pas démissionner pour le moment. Gaël Perdriau, le maire Les Républicains (LR) de Saint-Etienne, a affiché jeudi 15 septembre sa « détermination » à rester en fonction malgré l’affaire de chantage à la « sextape » qui secoue sa ville depuis fin août.
Celui qui est également président de la métropole stéphanoise n’a « en aucun cas prévu de se mettre en retrait de ses fonctions », comme le demandent plusieurs élus locaux et nationaux, dans son camp et dans l’opposition, mais aussi des acteurs économiques locaux, a déclaré jeudi à l’Agence France-Presse (AFP) son avocat, Me Christophe Ingrain. « Rien ne justifierait sur le plan juridique qu’il démissionne », estime-t-il.
« Gaël Perdriau est au travail à la ville comme à la métropole sur l’ensemble des dossiers, au service des deux collectivités et des habitants, avec la même détermination », fait savoir un communiqué de son cabinet. « Il est ressorti libre de trois heures trente de garde à vue sans aucune mesure prise par la justice à son encontre », a défendu son avocat en qualifiant de « navrantes » les nombreuses réactions hostiles au sein de LR et en critiquant la procédure d’exclusion lancée par son parti.
M. Perdriau a assisté jeudi à une réunion avec les vingt vice-présidents de Saint-Etienne Métropole au cours de laquelle l’affaire a été évoquée. « J’ai abordé la question et j’ai donné ma version des faits (…). Que ce soit à la ville ou à la métropole, je suis à la tête de mes responsabilités et je les assume », a-t-il déclaré à l’issue de ces échanges avant de s’éclipser.
D’après les images publiées par TL7, une chaîne de télévision de la Loire, une centaine d’agents de la ville ont forcé l’entrée de l’hôtel de ville de Saint-Etienne « pour avoir des explications » jeudi 15 septembre.
Une centaine d’agents de la ville ont forcé l’entrée de l’Hôtel de ville de #Saintetienne. Ils veulent rencontrer G… https://t.co/g18xrAOkFi
Information judiciaire ouverte
L’élu de 50 ans a été placé en garde à vue mardi 13 septembre dans le cadre d’investigations sur le tournage et l’usage d’une vidéo tournée en janvier 2015 dans laquelle on voit Gilles Artigues, son ancien premier adjoint et ex-député connu pour son engagement catholique, se faire masser par un homme dans une chambre d’hôtel à Paris. L’objectif étant de neutraliser politiquement ce centriste qui occupe désormais un poste dans l’enseignement catholique dans le Tarn.
« Ni le maire ni moi-même ne sommes les commanditaires de cette vidéo », a affirmé mercredi son directeur de cabinet, Pierre Gauttieri, lors d’un entretien à la télévision locale TL7, en se disant « serein par rapport à la suite des événements ».
L’affaire a éclaté fin août quand le site d’information Mediapart a publié les confessions détaillées d’un ancien proche de l’équipe municipale sur un « barbouzage de mœurs » organisé, selon lui, à la demande du maire et de ses proches. Le tournage de la vidéo compromettante a, selon lui, été rétribué via des prestations fictives facturées à deux associations culturelles locales subventionnées par la mairie.
Le parquet de Lyon a ouvert une information judiciaire pour « atteinte à l’intimité de la vie privée, chantage aggravé, soustraction de bien public par une personne chargée d’une fonction publique, abus de confiance et recel de ces infractions » après une plainte de Gilles Artigues.
Les trois juges d’instruction en charge du dossier ont commencé à entendre tous les protagonistes, le plaignant, le dénonciateur, le maire, son directeur de cabinet, l’adjoint à l’éducation et quatre responsables des associations culturelles pour le volet financier de l’affaire, selon le parquet.
« Exécution »
La diffusion de nouveaux enregistrements audio accablants par Mediapart lundi 12 septembre a relancé l’affaire une nouvelle fois. On y entend le maire parler de la « sextape » avec son premier adjoint, évoquer une diffusion « en petit cercle, avec parcimonie » dans une conversation enregistrée en juillet 2018, selon Mediapart.
« Une fois que c’est sur les réseaux, ce n’est plus du chantage, c’est une exécution », dit-il dans un autre enregistrement datant de novembre 2017, selon Mediapart. Le maire, lui, assure n’avoir pas commandité cette vidéo, ne l’avoir jamais vue et ne l’avoir jamais utilisée pour un chantage politique.
La CGT des personnels communaux a lancé jeudi matin un appel à la grève au sein du service cadre de vie (propreté et entretien des espaces verts). Evoquant « l’autoritarisme du maire » et un « contexte délétère », la CGT demande « un moratoire sur toutes les décisions administratives concernant le personnel mises en place par l’équipe » de Gaël Perdriau depuis son élection en 2014.
Mercredi, plus d’une centaine de personnes avaient manifesté devant l’hôtel de ville sous une pluie battante pour demander sa démission et celle de son équipe municipale.