Au moins un quart des électeurs tunisiens se sont rendus aux urnes ce lundi, approuvant la nouvelle Constitution proposée par le président tunisien Kais Saied.
Le « oui » à la nouvelle Constitution en Tunisie l’a emporté à une ample majorité de « 92 à 93% », a indiqué ce lundi le directeur de l’institut Sigma Conseil, sur la base d’un sondage à la sortie des urnes. Au moins 2,46 millions d’électeurs, soit 27,54% des 9,3 millions d’inscrits, ont voté lundi sur une nouvelle Constitution proposée par le président tunisien Kais Saied, a annoncé l’autorité électorale dans la soirée, évoquant des chiffres provisoires.
Cette nouvelle loi fondamentale controversée, imposée par le président Saied, accorde de vastes pouvoirs au chef de l’Etat, en rupture avec le système parlementaire en place depuis 2014. Hassen Zargouni a estimé que « dépasser les 20% de votants est plutôt un bon résultat ».
En Tunisie, on vote de moins en moins ces dernières années, « systématiquement en-dessous des 40% », a-t-il souligné, rappelant que la participation est passée de 52% aux législatives de 2011, après la chute du dictateur Ben Ali, à 32% en 2019 (sur 7 millions d’électeurs)
La crainte d’un retour de la dictature
La Tunisie est plongée dans une profonde crise économique, caractérisée par un chômage élevé et une forte baisse du pouvoir d’achat sur les 10 dernières années.
Ceux qui ont voté « oui » avaient pour principale motivation de « remettre le pays sur les rails et d’améliorer la situation », selon Sigma Conseil. Il s’agit « plutôt d’un électorat féminin, adulte voire sénior, du Grand Tunis, du Sahel (Sousse, Monastir) et du nord-ouest », selon Hassen Zargouni. C’est « la partie moderniste du pays », les « nationalistes », parfois nostalgiques de l’époque Ben Ali.
La deuxième catégorie regroupe « le fan club, ceux qui soutiennent le projet de Kais Saied ou sa personne », selon Hassen Zargouni. On les retrouve « dans le sud conservateur, vers Sfax, dans l’autre Tunisie, qui le voit comme un leader intraitable et sévère ». Selon Sigma Conseil, il s’agit pour beaucoup de « jeunes de 18 à 25 ans ».
Les électeurs ayant voté « non » l’ont fait, selon Sigma Conseil, surtout « par peur d’un retour de la dictature et d’un pouvoir absolu ».
Cette étude a été réalisée lundi sur un échantillon de plus de 7.500 électeurs dans 27 circonscriptions entre 7h00 et 20h00. Les premiers résultats officiels sont attendus « mardi dans l’après-midi », selon un porte-parole de l’Isie, Mansri Tlili.