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Après une soixantaine de jours de marche et plus de 900 kilomètres parcourus, 200 jeunes indiens aspirants paramilitaires sont désormais aux portes de Delhi. Leur objectif : obtenir le travail pour lequel ils ont passé un concours il y a trois ans, sans jamais avoir reçu de lettre de nomination.
Ce vendredi 29 juillet, 200 jeunes aspirants paramilitaires ont entamé leur 59ᵉ jour de marche. Ils sont partis de Nagpur, le 1er juin, et ont déjà parcouru plus de 900 kilomètres. Ils souhaitent atteindre Delhi pour demander au ministre de l’Intérieur, Amit Shah, leur dû : intégrer le paramilitaire public indien.
आज पैदल मार्च के 59वें दिन बामनीखेड़ा, हरियाणा में #SSCGD2018 के युवाओं का मेडिकल चेकअप किया जा रहा है। स्थानीय प्रशासन और स्वास्थ्य कर्मियों का शुक्रिया।
उम्मीद है केंद्र सरकार हम युवाओं की पीड़ा,असहनीय दर्द को समझेगी।
हमें नियुक्ति देगी।#SSCGD2018_नागपुर_से_दिल्ली_पैदल_मार्च pic.twitter.com/veaXPbCnYv— PRADEEP PATEL अर्द्धसैनिक युवा ✊🇮🇳 (@PRADEEPPATEL06) July 29, 2022
Pradeep remercie dans ce tweet les services municipaux de Bamnikheda, Haryanaa pour leur aide, au 59e jour de marche
Pour une jeunesse indienne minée par le chômage, les concours du secteur public représentent une véritable chance d’accéder à une vie meilleure, avec un revenu stable et une sécurité de l’emploi. En 2022, plusieurs réformes dans les concours du public ont attisé la colère des jeunes qui dénoncent une tendance du gouvernement de Narendra Modi à réduire les opportunités dans ce secteur.
Fin juin, le nouveau processus de recrutement de l’armée “Agnipath”, visant à flexibiliser le secteur et faire des économies, avait déclenché de violentes manifestations. Avec cette réforme, certains postes du paramilitaire sont désormais réservés aux jeunes qui passent par ce nouveau mode de recrutement, après avoir servi l’armée. Les étudiants qui marchent depuis Nagpur, qui attendent toujours leur lettre de nomination, ont vivement critiquer la réforme.
>> LIRE SUR LE SITE DES OBSERVATEURS :Les manifestations en Inde, une « colère accumulée de la jeunesse face à la détresse économique« .
“Sur les 60 120 postes promis, seulement 55 000 ont été pourvus”
Parmi eux, Kadjel, 24 ans, originaire du Bengale occidental. Comme tous ses compagnons de route, elle a passé un concours d’État pour accéder aux métiers du paramilitaire, le “SSC GD”, en 2018. Avec ce concours, ils pouvaient en théorie prétendre à certains postes dans l’armée ou la marine indienne ou encore rejoindre les gardes-frontière indiens.
Nous venons des quatre coins de l’Inde et nous avions tous passé les examens écrit, physique et médical. Sauf que sur les 60 120 postes promis, seulement 55 000 ont été pourvus, et les autres sont restés vacants. Nous, on attend toujours notre lettre de nomination pour enfin revêtir notre uniforme et servir notre pays.
Cela fait plus d’un an que nous manifestons, certains ne sont jamais rentrés chez eux.
Après Delhi en janvier 2021, nous avons manifesté à Nagpur, où nous avons fait une grève de la faim pendant 72 jours. Comme nous n’avions toujours pas ce que nous demandions, nous avons décidé de marcher de Nagpur à Delhi (1000 km), pour montrer notre détermination, mais aussi pour que le public indien puisse entendre et connaître notre situation.
Les étudiants documentent quotidiennement leur périple sur Twitter autour du hashtag #SSC_GD_2018 (le nom de l’examen d’État qu’ils ont passé). Ils sont reconnaissables à leur t-shirt blanc indiquant “SSC GD 2018” et leur drapeau indien qu’ils brandissent fièrement.
ये इसी देश के युवा हैं जो लगातार 54 दिन से ‘पैदल’ चल रहे, हाथों में तिरंगा लिए 🇮🇳
इनपर फूलों की बारिश नहीं हो रही, क्योंकि नौकरी मांग रहे हैं.
नागपुर ———1068 किमी.———– दिल्ली pic.twitter.com/RmLWwc5kor
— Ranvijay Singh (@ranvijaylive) July 24, 2022
“Nous avons obtenu le plein soutien de certaines organisations d’agriculteurs, d’ouvriers et de locaux”
Sur les réseaux et tout au long de la route, ils ont rencontré de nombreux soutiens, comme l’explique Pradeep, 26 ans originaire du Madhya Pradesh :
En partant de Nagpur, nous ne savions pas ce que nous allions manger, boire pour vivre, mais au fur et à mesure que nous, les jeunes, avançions, nous avons obtenu le plein soutien de certaines organisations d’agriculteurs, d’ouvriers et de locaux. Ils nous ont aidé pour la nourriture et l’eau.
C’est en partie grâce à eux que nous sommes arrivés aussi près de Delhi aujourd’hui.
Sur le trajet, des monastères, temples, salles de spectacles leur ont également ouvert leur porte pour se nourrir ou se reposer. Ils ont aussi reçu de l’aide de plusieurs municipalités et postes de police.
सवाल मत पूछो
आवाज़ मत उठाओ
शांतिपूर्ण प्रदर्शन मत करो
नए भारत में हक मांगने पर होगी गिरफ़्तारीयुवाओं को बेरोज़गार बना कर, करोड़ों परिवारों की आस तोड़ कर, देश का भविष्य उजाड़ रही है ये तानाशाह सरकार। pic.twitter.com/7QKk8XnlMi
— Rahul Gandhi (@RahulGandhi) July 17, 2022
les étudiants ont reçu de nombreux soutiens, notamment celui de la figure de l’opposition, Rahul Gandhi, qui a réagi après l’arrestation de plusieurs d’entre eux par la police à Agra. Les aspirants paramilitaires ont finalement été rapidement relâchés.
“Nous sommes à bout mentalement et physiquement”
Chaque jour, le groupe parcourt en moyenne 30 kilomètres, parfois sous une chaleur avoisinant les 40 degrés, comme le raconte Kadjel :
Nous avons déjà marché deux à trois jours sans nous arrêter. Ce n’était pas toujours facile de se nourrir, de se laver… Nous avons parfois dormi le long des routes. En tant que femme, c’était encore plus difficile, à cause des règles. Parfois, nous n’avions rien à manger pendant plusieurs jours. Aujourd’hui, nous sommes complètement à bout mentalement et physiquement.
Sur le trajet, plusieurs d’entre eux ont souffert de déshydratation, de fatigue, ou de blessures. Certains ont été hospitalisés, selon des publications de participants de la marche.
“Si on fait tout cela, c’est aussi pour nos parents”
Notre Observatrice et plusieurs de ses camarades avec qui nous avons pu échanger mentionnent leurs parents, dans une situation économique précaire.
Si on fait tout cela, c’est aussi pour nos parents. Pour les aider à subvenir à leurs besoins. Si on rejoint les forces paramilitaires, notre situation économique et nos standards de vie s’amélioreront considérablement et nous pourrons les soutenir.
Kadjel explique qu’une dérogation a été proposée à ceux qui ont dépassé l’âge réglementaire pour passer le concours (de 18 à 23 ans) et se représenter en 2022 ou 2023. Mais cette proposition ne leur convient pas.
Le 29 juillet, le groupe était à moins de 100 kilomètres de Delhi. Une fois là-bas, ils espèrent enfin obtenir un rendez-vous avec le ministre de l’Intérieur, Amit Shah.
Notre seul objectif, c’est de servir notre nation et de pouvoir mourir pour elle, en portant enfin notre uniforme, et les couleurs du drapeau indien. Si après tout ce que nous avons fait nous n’arrivons toujours pas à rejoindre les forces paramilitaires, honnêtement je ne saurai pas comment vivre.