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Le président, qui a mis un terme aux tumultueuses années Zuma en Afrique du Sud pourrait-il démissionner à cause d’une histoire de dollars dérobés dans un canapé ? « Toutes les options sont sur la table », a confirmé Vincent Magwenya, le porte-parole du chef de l’Etat sud-africain, Cyril Ramaphosa, jeudi 1er décembre, au terme d’une folle journée de rumeurs. La veille, le président déjà donné vainqueur de l’élection à la présidence de l’ANC, le parti au pouvoir, qui doit se dérouler dans quinze jours, a vu son avenir politique s’assombrir brutalement avec la publication du rapport d’une commission indépendante mandatée par le Parlement ouvrant la voie à une procédure de destitution.
Englué dans une mystérieuse affaire de cambriolage passé sous silence dont il feint d’ignorer la gravité depuis des mois, Cyril Ramaphosa est soupçonné d’avoir violé la Constitution ainsi qu’une loi contre la corruption. Alors que les appels à la démission se multiplient, le président sud-africain a fait savoir, par la voie de son porte-parole, qu’il consultait largement au sein de son parti afin de déterminer « la meilleure des options, non pas pour lui, mais pour l’intérêt du pays ». Jeudi, la rumeur d’une démission imminente de ce réformateur élu sur la promesse d’en finir avec la corruption endémique qui a marqué le mandat de son prédécesseur, Jacob Zuma, a provoqué une baisse du cours du rand, la monnaie sud-africaine.
L’affaire, qui vient de s’accélérer, débute en juin quand Arthur Fraser, ancien chef des services de renseignement sud-africains et vieil allié de Jacob Zuma, pousse la porte d’un commissariat pour porter plainte contre le chef de l’Etat. Il accuse Cyril Ramaphosa d’avoir dissimulé le vol « d’au moins quatre millions de dollars » « cachés » dans un canapé, dans l’une de ses fermes, deux ans plus tôt. L’ancien espion assure également qu’une équipe serait clandestinement partie à la poursuite des cambrioleurs jusqu’en Namibie et que ceux-ci auraient été « kidnappés » puis payés en échange de leur silence. Il émet enfin des doutes sur la provenance des sommes dérobées.
L’histoire paraît invraisemblable jusqu’à ce que la présidence reconnaisse l’existence du cambriolage. Elle nie les accusations d’Arthur Fraser et assure que les sommes dérobées, bien en deçà du montant évoqué par l’ancien espion, proviendraient de la vente de buffles. Car Cyril Ramaphosa ne l’a jamais caché, il est un gentleman-farmer animé d’une passion pour le bétail rare, donc chère. Il assure la justice de sa coopération et refuse de commenter plus en avant une « enquête en cours ». Les mois suivants, il engrange, comme si de rien n’était, les soutiens de l’ANC à travers le pays à l’approche de la conférence qui doit renouveler la présidence du parti, du 16 au 20 décembre.
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