L’approvisionnement en électricité de la France au mois de janvier 2023 concentre « davantage de risques » qu’en octobre 2022, et ce, en raison d’une production du parc nucléaire plus faible qu’espérée, a averti RTE, le gestionnaire du réseau électrique français, lors de son actualisation mensuelle publiée vendredi 18 novembre. Ainsi, selon le « scénario le plus probable », seuls 40 gigawatts devraient être disponibles début janvier, soit environ 65 % de la capacité nucléaire installée, en raison de l’impact des mouvements sociaux de septembre et octobre et de « retards et aléas techniques » dans la maintenance courante.
« Les retards déjà accumulés sur certains réacteurs rendent en effet improbable, même si toujours possible, l’atteinte d’une disponibilité de 45 gigawatts à cette période », a estimé Thomas Veyrenc, directeur exécutif en charge de la stratégie, de la prospective et de l’évaluation de RTE, se référant à la précédente prévision. Il faudrait qu’EDF remette en service 15 de ses réacteurs d’ici à la mi-décembre (25 sur un total de 56 sont à ce jour à l’arrêt) pour que la situation s’améliore, ce qui n’est pas le scénario le plus probable, selon RTE.
Un accord de solidarité avec l’Allemagne
Dans ces circonstances, le risque de recours au dispositif Ecowatt, sorte de Bison futé de l’électricité, et en particulier à l’activation de son signal d’alerte rouge, qui avertit de possibles coupures d’électricité, apparaît « élevé sur le mois de janvier », même si cela « dépendra largement des conditions climatiques et de la possible survenue d’une vague de froid même modérée », selon RTE. D’après le ministère de la transition énergétique, il est « trop tôt pour confirmer que des coupures électriques seront nécessaires », mais RTE estime qu’elles pourraient, si elles avaient lieu, toucher des particuliers. Pour éviter d’en arriver là, le gouvernement table notamment sur la signature, dans la semaine du 21 novembre, d’un accord de solidarité afin d’exporter de l’électricité de l’Allemagne vers la France « au maximum des capacités ».
A plus court terme, en revanche, la situation apparaît « peu risquée pour la fin du mois de novembre, et moyennement risquée pour début décembre », compte tenu des températures supérieures aux normales saisonnières et du repli de la consommation électrique. Entre le début du mois d’octobre et la mi-novembre, celle-ci a reculé de 5 % à 7 %.
« A ce stade, cette baisse structurelle de la demande d’électricité compense le retard de la remise en service de certains réacteurs », confirme-t-on au ministère de la transition énergétique, où on insiste sur le fait que ce repli est surtout dû aux industriels. Conséquence, le niveau de risque devrait se répartir différemment de ce qui était présagé en octobre par RTE : « Moins de risque en décembre, plus en janvier, et moins à la fin février et en mars. »