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pas de cessions qui mettraient la France en danger, selon le gouvernement


L’ESSENTIEL

La France, qui fournit à l’Ukraine un certain nombre de matériels militaires depuis le début de l’invasion russe, ne procède à aucune cession susceptible de mettre sa sécurité en danger, a assuré mercredi soir le ministre des Armées Sébastien Lecornu. « Nous ne faisons pas de cessions qui mettraient la nation française en danger. Nous le faisons avec le pragmatisme qui nous conduit à regarder la réalité de nos stocks, mais aussi la réalité des conseils que nous donnent nos généraux », a déclaré le ministre lors d’un débat sur le conflit au Sénat.

Ce « pragmatisme » n’en conduit pas moins la France « à tirer des conclusions » sur le réapprovisionnement de ses stocks de matériels : à titre d’exemple, « les 18 canons Caesar qui ont été donnés à l’Ukraine ont fait l’objet depuis le mois de juillet dernier d’une nouvelle commande en recomplétude », a rappelé le ministre.

Le don de ces canons « a pu destabiliser les plans de formation sur certains régiments d’artillerie, mais déstabiliser de la formation pour quelques artilleurs (…) n’a rien à voir avec le fait d’abaisser le standard de sécurité pour la France et les Français », a estimé Sébastien Lecornu. Selon le ministre, « le vrai sujet » consiste actuellement à développer une « économie de guerre », c’est-à-dire une capacité de recompléter les stocks plus vite dans le futur, notamment pour faire face à des conflits dits de « haute intensité ».

Les informations à retenir : 

  • La France, qui fournit à l’Ukraine un certain nombre de matériels militaires depuis le début de l’invasion russe, ne procède à aucune cession susceptible de mettre sa sécurité en danger.
  • Vladimir Poutine a supervisé mercredi l’entraînement de ses forces de dissuasion nucléaires.
  • Les autorités d’occupation russe de Kherson ont annoncé mercredi avoir évacué 70.000 civils en une semaine.

« On a évidemment un sujet industriel qu’il nous faut traiter », a estimé Sébastien Lecornu, précisant que l’autonomie stratégique française passera à l’avenir par « un besoin de réactivité supplémentaire ». Le président Emmanuel Macron doit justement se rendre jeudi dans le Cher pour visiter notamment plusieurs sites d’industrie d’armement afin d’illustrer cet effort de la France pour produire davantage et plus rapidement.

Emmanuel Macron avait confirmé début octobre que Paris envisageait l’envoi de six canons Caesar supplémentaires à l’Ukraine, en sus des 18 déjà livrés. Ces canons, fleuron de l’artillerie française, ont une portée de 40 kilomètres. La France a aussi fourni jusqu’ici des missiles antichar et anti-aérien, des véhicules de l’avant blindé (VAB), du carburant, des équipements individuels et une quinzaine de canons tractés TRF1 de 155 mm. Elle étudie la possibilité de livrer 20 véhicules blindés Bastion.

Le président russe Vladimir Poutine a supervisé mercredi l’entraînement de ses forces de dissuasion nucléaires au moment où Moscou a répété à l’Inde et à la Chine ses allégations sur la préparation par l’Ukraine d’une « bombe sale ».

Kiev dément toute velléité d’utiliser une « bombe sale »

Kiev, qui dément toute velléité d’utiliser une telle arme, et ses alliés occidentaux redoutent que de telles accusations ne servent de prétexte à Moscou pour une escalade du conflit ou à l’usage d’armes nucléaires par la Russie, dont les responsables ont menacé à plusieurs reprises en cas de menace importante.

Mercredi soir, le gouvernement slovène a assuré que Moscou avait utilisé une photo provenant de Slovénie et datant de 2010 pour étayer sur Twitter ses allégations sur la « bombe sale » que préparerait Kiev. L’usage « a été fait à mauvais escient et à l’insu des autorités slovènes », a déclaré Dragan Barbutovski, conseiller du Premier ministre Robert Golob. Le gouvernement slovène a publié une série de tweets en anglais pour dénoncer le fait que « la photo utilisée par le ministère russe des Affaires étrangères sur Twitter » soit « une photo de l’Agence slovène des déchets radioactifs (ARAO) ». 

Vladimir Poutine a assisté mercredi depuis une salle de contrôle à  l’entraînement des forces russes de dissuasion stratégique, soit des troupes chargées notamment de répondre à la menace en cas de guerre nucléaire. Si ce type d’exercice est mené périodiquement, celui-ci intervient en pleine offensive russe en Ukraine.

« Sous la direction du commandant suprême des forces armées, Vladimir Poutine, les forces de dissuasion stratégique terrestres, maritimes et aériennes ont mené un entraînement et des lancements pratiques de missiles balistiques et de croisière ont été effectués », a indiqué le Kremlin.

La télévision russe a montré l’équipage d’un sous-marin préparer le lancement d’un missile depuis la mer de Barents dans l’Arctique. L’exercice a aussi impliqué des avions à long rayon d’action Tu-95. « Les tâches fixées lors de l’exercice d’entraînement à la dissuasion stratégique ont été accomplies dans leur intégralité, tous les missiles ayant atteint leur cible », a poursuivi le Kremlin.

« Menace existante » 

Peu avant ces manœuvres, la Russie a réitéré auprès de la Chine et de l’Inde ses accusations selon lesquelles l’Ukraine se préparerait à utiliser une « bombe sale », une arme constituée d’explosifs conventionnels entourés de matériaux radioactifs destinés à être disséminés lors de l’explosion.

Lors d’une conversation avec le ministre chinois de la Défense Wei Fenghe, son homologue russe Sergueï Choïgou a fait part de ses « préoccupations liées à d’éventuelles provocations de la part de l’Ukraine avec recours à une ‘bombe sale' ».La Russie avait avancé pour la première fois ces accusations dimanche lors de conversations téléphoniques entre Sergueï Choïgou et ses homologues américain, français, britannique et turc.

Serguei Choïgou a soulevé les mêmes « inquiétudes » lors d’un appel avec son homologue indien Rajnath Singh. L’Ukraine et les Occidentaux ont dénoncé des allégations « absurdes » et « dangereuses » et suggéré que la Russie se préparait elle-même à une escalade sur le champ de bataille, où ses troupes ont connu une série de défaites depuis septembre.

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a assuré mercredi que la Russie disposait d’informations sur une « menace existante » de l’utilisation par l’Ukraine d’une « bombe sale ».  Les responsables russes ont menacé à plusieurs reprises d’utiliser l’arme nucléaire pour défendre les territoires dont Moscou a revendiqué l’annexion en Ukraine, y compris à Kherson, dans le sud, où est attendue la prochaine bataille.

70.000 évacués

Les autorités d’occupation russe de Kherson ont annoncé mercredi avoir évacué 70.000 civils en une semaine de cette ville transformée en forteresse pour faire face à l’assaut ukrainien à venir. Ailleurs sur le front, au moins sept personnes ont été tuées et 13 blessées ces dernières 24 heures, selon le décompte de la présidence ukrainienne.

Selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky, la Russie a déjà utilisé quelque 400 drones iraniens contre sa population. Il a assuré que 60 à 70% de ces engins avaient été abattus par la défense antiaérienne de son pays. Selon lui, « des combats extrêmement féroces » ont lieu « près de Bakhmout », ville de la région de Donetsk dans l’est de l’Ukraine qui est depuis des mois une cible prioritaire de l’armée russe. 

« Des combats extrêmement féroces se déroulent dans la région de Donetsk, près de Bakhmout et d’Avdiïvka », a-t-il indiqué dans son allocution quotidienne publiée sur les réseaux sociaux. Kiev a également annoncé mercredi un nouvel échange de prisonniers avec Moscou concernant 10 soldats ukrainiens. La Russie a aussi rendu le corps du volontaire américain Joshua Alan Jones, tué en août au combat.

La Première ministre française Elisabeth Borne a pour sa part estimé que la Russie « devra répondre » de « violations barbares des lois de la guerre ».  « Là où l’armée ukrainienne progresse, la libération s’accompagne de la découverte de massacres ou de charniers (…) Ce sont des actes choquants, révoltants, monstrueux. Ce sont des violations barbares des lois de la guerre, la Russie devra en répondre », a-t-elle déclaré lors d’un débat au Sénat français.

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