Les Jeux olympiques de Barcelone, dont on fête les 30 ans cette année, ont réconcilié la métropole catalane avec la mer. L’édition de 2024 doit, elle, sceller les retrouvailles de Paris et du Grand Paris avec la Seine. C’est du moins l’ambition affichée par les équipes organisatrices, les élus de la capitale et ceux de Seine-Saint-Denis, lesquels entendent retirer un maximum de bénéfices de l’événement pour leurs habitants.
Le concept de la cérémonie d’ouverture donne le ton. Pour la première fois, les athlètes ne défileront pas dans un stade, mais en pleine ville, en l’occurrence sur le fleuve, entre le pont d’Austerlitz et la tour Eiffel. Mais l’histoire de cette « reconquête » annoncée, qui prend toute sa dimension à l’heure où les villes cherchent par tous les moyens à rafraîchir leurs étés, a commencé à s’écrire au moment du choix du site du village olympique. Plaine Commune (Seine-Saint-Denis) cumulait un certain nombre d’atouts, « mais la présence de la Seine a emballé tout le monde », se souvient Patricia Pelloux, directrice adjointe de l’Atelier parisien d’urbanisme (APUR).
Pour l’architecte Dominique Perrault, chargé de dessiner ce futur morceau de ville (6 000 habitants à terme, autant de salariés), c’était l’occasion de reconnecter Saint-Ouen et Saint-Denis à ce fleuve auquel elles tournaient le dos depuis des décennies. La présence des usines posées là au siècle dernier rendait tout accès aux berges impossible. Le mail Finot, l’artère principale, est conçu comme une promenade en pente douce qui mène à l’eau depuis le métro. L’allée de Seine, la parallèle au nord bordée de platanes, fait, elle, le lien avec le carrefour Pleyel.
« On revient à des fondamentaux de l’Ile-de-France : les châteaux des vallées de la Seine et de la Marne – Champs-sur-Marne, Saint-Germain, Saint-Cloud – ont tous un système de terrasses face au paysage », commente Henri Specht, directeur du projet pour la Société de livraison des ouvrages olympiques (Solideo).
Le temps de la compétition, les quais seront piétons. Après le départ des athlètes, ça ne sera pas encore ambiance guinguette comme à Paris ou à Lyon, où les voies ont été rendues aux promeneurs. La départementale sera toutefois réduite à deux voies et longée par une piste cyclable.
La Seine rendue à la baignade
Les élus de Plaine Commune plaident pour que ces aménagements se prolongent jusqu’à Clichy, au sud, et Epinay, au nord. Pas une mince affaire au vu du millefeuille administratif qu’est ce tracé. « On avait mis beaucoup de choses à l’eau (pontons, etc.). Plus personne ne les porte vraiment pour le moment, note Guillaume Hébert, cofondateur de la société de conseil Une fabrique de la ville. Mais l’installation de ducs-d’Albe pour les péniches rend possible l’amarrage pérenne de bars et de restaurants ».
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