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onze ans de prison contre Elizabeth Holmes, patronne déchue, condamnée pour fraude

onze ans de prison contre Elizabeth Holmes, patronne déchue, condamnée pour fraude


Elizabeth Holmes dans un tribunal de San Jose, en Californie, le 22 novembre 2021.

L’ancienne star de la Silicon Valley Elizabeth Holmes, reconnue coupable de fraude en janvier, a été fixée sur sa peine, vendredi 18 novembre, près de vingt ans après avoir fondé sa start-up, Theranos, qui promettait une révolution des diagnostics de santé. L’ancienne dirigeante, qui a 38 ans, a été condamnée à onze ans de prison. Le parquet avait requis quinze ans de prison et la restitution de 800 millions de dollars à ses victimes.

L’accusée, enceinte, a jusqu’au 27 avril pour débuter sa peine, a précisé le juge Edward Davila, qui avait présidé le procès de l’entrepreneuse, reconnue coupable en janvier d’avoir menti aux investisseurs sur les avancées réelles de son entreprise. Son avocat a fait savoir vendredi qu’elle ferait appel.

« Aveuglée par l’ambition », Elizabeth Holmes « a escroqué des centaines de millions de dollars à des dizaines d’investisseurs » et a « mis des patients en danger », a justifié la procureure Stephanie Hinds, reprochant à la patronne déchue de ne pas assumer sa responsabilité.

« Je prends, devant vous, mes responsabilités pour Theranos. J’ai adoré Theranos. C’était le travail de ma vie », a déclaré Elisabeth Holmes à l’audience, en sanglotant, juste avant le prononcé de la sentence. « Je suis dévastée par mes échecs », a-t-elle ajouté. « Il ne s’est pas passé un jour ces dernières années sans que je ne sois profondément touchée par ce que les gens ont traversé à cause de mes erreurs », a-t-elle ajouté.

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Horreur des piqûres

La défense a plaidé pour une peine maximale d’un an et demi. Elizabeth Holmes ne représente pas un danger pour la société, elle n’a pas tiré de bénéfices financiers de cette affaire et ne mérite donc pas de passer des années en prison pour avoir échoué dans son « projet ambitieux », ont justifié ses avocats. « Mme Holmes est punie chaque jour pour son délit, depuis des années et pour le reste de sa vie », ont-ils noté dans leur argumentation remise à la cour mardi. Et « il n’y a pas de raison de croire qu’elle dirigera une entreprise cotée en Bourse à l’avenir », ont-ils continué.

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Elizabeth Holmes a fondé Theranos en 2003, à 19 ans seulement, dans l’idée de fabriquer un outil de diagnostic sanguin rapide, indolore et moins cher que ceux des laboratoires traditionnels. A l’aide d’un récit et d’une apparence très travaillés, elle était parvenue en quelques années à gagner la confiance de sommités et à lever des fonds auprès de prestigieux investisseurs attirés par le profil de cette jeune femme, une rareté dans le monde masculin des ingénieurs californiens.

L’histoire était belle. Enfant, elle avait horreur des piqûres. Elle voulait donc inventer une machine qui réaliserait des centaines de diagnostics sanguins à partir d’une seule goutte de sang, prélevée sur le bout du doigt.

« La tragédie dans cette affaire est que Mme Holmes est brillante » et elle est parvenue à se faire une place dans un monde « dominé par les ego masculins », a relevé le juge. Mais il y a aussi eu suffisamment de preuves de « manipulations et de mensonges utilisés pour faire des affaires », a-t-il ajouté.

Demande de révision rejetée

Le magnat des médias Rupert Murdoch, l’ancien secrétaire d’Etat Henry Kissinger et James Mattis, secrétaire à la défense de Donald Trump, ont un temps été convaincus par le projet d’Elizabeth Holmes. A son apogée, l’entreprise était valorisée près de 10 milliards de dollars. En 2015, le scandale éclate au grand jour lorsque le Wall Street Journal révèle que la machine n’a jamais fonctionné.

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Le juge Davila a expliqué ne pas avoir tenu compte de l’apparent mépris d’Elizabeth Holmes à l’égard des potentiels risques pour les patients dans la mesure où elle a été acquittée des accusations de fraude envers eux. Il a aussi précisé ne pas avoir pris en considération toutes les pertes générées par la chute de sa compagnie mais seulement une partie de celles encaissées par dix investisseurs, soit 121 millions de dollars. Le montant qu’elle devra au final restituer aux investisseurs sera décidé à une date ultérieure, a déclaré le magistrat.

L’ancienne patronne avait déposé en septembre une demande de révision du procès – rejetée –, mettant en avant, entre autres, le revirement d’un témoin-clé, Adam Rosendorff, qui s’est rendu à son domicile cet été et s’y est entretenu avec son compagnon, William Evans, pour exprimer des regrets. Les propos de M. Rosendorff ne contestaient toutefois pas les conclusions de l’enquête, mais seulement la présentation des faits à l’audience, et ils étaient très vagues, a fait valoir le juge Edward Davila.

Ramesh Balwani, l’ancien compagnon d’Elizabeth Holmes et directeur des opérations de Theranos, a été jugé séparément et également reconnu coupable de fraude. Sa peine doit être prononcée le 7 décembre.

Le Monde avec AFP

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