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Lionel Messi et Cristiano Ronaldo, la dernière chance de deux légendes

Lionel Messi et Cristiano Ronaldo, la dernière chance de deux légendes


Peut-on prétendre au titre de meilleur joueur de l’histoire sans une victoire en Coupe du monde à son palmarès ? Depuis quinze ans, Cristiano Ronaldo et Lionel Messi ont érigé leur duel en un « Stones ou Beatles ? » du football. Ils ont vampirisé l’attention, les honneurs et les Ballons d’or. Mais un seul titre vous manque et tout n’est pas dépeuplé, mais plutôt incomplet, et autorise un « oui, mais ». « Oui », le Portugais et l’Argentin sont des légendes de leur sport, « mais » ce titre mondial manque toujours à leur palmarès. Le Qatar est sans doute le terrain de leur dernière chance à, respectivement, 37 et 35 ans.

La cinquième déjà. Face à l’Arabie saoudite, Lionel Messi n’imaginait pas une défaite de son Albiceleste (1-2), mardi 22 novembre, pour rejoindre les Mexicains Antonio Carbajal, Rafael Marquez, Andres Guardado et Guillermo Ochoa, l’Italien Gianluigi Buffon et l’Allemand Lothar Matthäus dans le club fermé des joueurs aux cinq phases finales d’un Mondial. Cristiano Ronaldo doit aussi l’intégrer mercredi avec les débuts du Portugal dans le tournoi face au Ghana, au stade 974 de Doha.

« Leur longévité est exceptionnelle. D’autres grands joueurs ont eu deux ou trois occasions de remporter un Mondial. Une légende comme Alfredo Di Stefano ne l’a même jamais disputée », observe l’historien Paul Dietschy, qui a coordonné la revue Football(s) sur l’histoire de la Coupe du monde aux Presses universitaires de Franche-Comté.

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Monstre d’orgueil, « CR7 » a admis dans son entretien choc avec le journaliste Piers Morgan qu’il disputait « probablement » son dernier Mondial, mais a ajouté une condition pour certifier à « 100 % » une retraite internationale : gagner le tournoi avec le Portugal. Messi est lui plus direct. « C’est ma dernière chance de réaliser le rêve que nous avons tous : gagner la Coupe du monde, a-t-il annoncé lundi. C’est ma dernière. » Mais enfin la bonne ? Pour lui, les feux semblaient plus au vert que pour son rival avant cette entrée ratée malgré son but sur pénalty. Remplaçant déclassé à Manchester United, Ronaldo apparaît lui comme le symbole d’un Portugal tigre de papier avec ses grands noms mais au fond de jeu frustrant.

Muets tous les deux à partir des huitièmes de finale

Après un an d’adaptation et de spleen, le Messi du Paris Saint-Germain a retrouvé un peu de la magie qu’il déployait lors de ses longues années barcelonaises. Malgré sa déroute inaugurale, l’Argentine rêve de le voir décrocher cette troisième étoile mondiale (après 1978 et 1986) avec une Albiceleste revigorée par sa victoire à la dernière Copa America. Ce 10 juillet 2021, Messi gagne un titre face au Brésil, mais aussi les cœurs avec son discours avant la finale. L’homme de peu de mots les trouve enfin pour toucher ses coéquipiers.

« Leo » ne sera jamais « Diego », mais Messi peut se rapprocher de Maradona, à sa façon. Quand il était son sélectionneur lors du Mondial en 2010, Diego Maradona l’a imaginé porter son équipe comme lui en 1986. « Lionel est le meilleur joueur du monde, il doit prendre les choses en main », clame-t-il avant la compétition. Raté. L’Allemagne balaye l’Argentine (4-0) en quart de finale.

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Quatre ans plus tard, Messi a le regard dans le vide au moment de récupérer son trophée de meilleur joueur du tournoi, un hochet pour un finaliste inconsolable, battu par ces inévitables Allemands au Maracana (1-0). Dans la nuit de Rio, Messi broie du noir, évoque sa retraite internationale, mais revient très vite sur son choix et laisse les regrets éternels accabler Gonzalo Higuain pour son occasion ratée en début de match.

Pour Cristiano Ronaldo, c’est une autre histoire. Le Portugal n’a jamais trôné sur le toit du monde, et n’a poussé l’aventure que jusqu’en demi-finale en 1966 et 2006. Pour cette seconde tentative, la France élimine la Seleçao (1-0) et Ronaldo essuie ses larmes dans son maillot « 17 », mais sa prise de pouvoir est imminente. Avec le départ de Luis Figo, le natif de Madère hérite enfin du numéro 7, du rôle de capitaine et capte toute la lumière.

« Le Portugal de Ronaldo » devient un raccourci, une facilité de langage dans les bons comme les mauvais jours. La Coupe du monde est à ranger dans la seconde catégorie et tient dans une métaphore passée à la postérité. « Les buts, c’est comme le ketchup : quand ils arrivent, ils viennent tous en même temps », annonce CR7 avant le Mondial 2010.

Un rapport contrarié avec la Coupe du monde

En Afrique du Sud, rien ne vient, si ce n’est un but anecdotique contre la Corée du Nord, une élimination contre l’Espagne en huitième de finale et une guerre ouverte avec son sélectionneur, Carlos Queiroz. Ce dernier règle ses comptes avec lui avant l’édition 2014 : « Nous avons une équipe nationale qui s’appelle Cristiano Ronaldo. » On y revient. L’équipe en question quitte le Brésil dès le premier tour avec un Ronaldo encore transparent (un but).

En 2018, le ketchup gicle enfin avec quatre réalisations en phase de groupe (dont un triplé contre l’Espagne), mais la machine à marquer s’enraye lors de la défaite contre l’Uruguay en huitième (2-1). Si sa rivalité avec Messi est autant une histoire de statistiques que de goût, un chiffre renvoie les deux hommes à leur rapport contrarié avec la Coupe du monde : ni l’un ni l’autre n’a marqué lors d’un match à élimination directe.

Dans un livre d’or du Mondial, le Portugais et l’Argentin sont des personnages récurrents mais secondaires. Leur grand œuvre avec leur pays est à chercher ailleurs ; cette Copa America remportée après tant d’échecs pour Messi et la victoire à l’Euro 2016 pour Ronaldo. Genou gauche bandé, le capitaine blessé hurle, gesticule et annonce à Eder son rôle de héros de la nation dans les dernières minutes de la finale face aux Bleus (1-0). « J’ai le visage qui brille ? C’est normal, j’ai beaucoup pleuré aujourd’hui », lâche-t-il au moment d’accueillir le premier titre international du Portugal.

Pelé à jamais le plus grand ?

Avec son rythme et son charme quadriennal, la Coupe du monde fabrique des déçus, des frustrés mais aussi des héros maudits. Michel Platini confiait avoir pleuré enfant après la défaite de l’idole néerlandaise Johan Cruyff en finale en 1974. Lui-même allait devenir un roi sans couronne mondiale, à jamais frustré par ses deux demi-finales perdues avec les Bleus en 1982 et 1986.

« La Coupe du monde redistribue toutes les cartes. Certains sont devenus des légendes en un tournoi comme l’Italien Paolo Rossi en 1982, mais il n’était pas une star “quotidienne” du football comme Platini et, de nos jours, Messi ou Ronaldo, observe Paul Dietschy. Aujourd’hui, la Ligue des champions est devenue essentielle dans la trace que va laisser le joueur. »

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A ce niveau-là, le duo imprime la rétine depuis le milieu des années 2000. Mais dans la course à la postérité, ils partent pour l’instant avec un handicap face à Pelé qui ne manque jamais une occasion de rappeler qu’il est le seul perché sur son piédestal avec ses trois titres (1958, 1962 et 1970). Le Brésilien passe souvent très vite sur l’édition 1962 où, blessé dès le premier match, il a laissé Garrincha emmener la Seleçao vers la victoire.

« Pelé est devenu le roi Pelé avec le titre de 1970. Pour la première fois, la télé retransmet toute la compétition en direct et en couleurs. Tous ses buts et même ceux qu’il a presque marqués, sont restés dans les mémoires, prolonge Paul Dietschy. Messi et Ronaldo sont moins liés à la Coupe du monde. Mais au-delà de tout l’argent gagné, il y a chez eux comme la volonté d’honorer leur pays, de réaliser un rêve d’enfance. » Mais aussi d’inscrire la plus belle ligne à son palmarès, celle qui risque de toujours manquer à l’autre.

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