Le nombre de travailleurs indépendants en France ne cesse d’augmenter et dépasse désormais les 4 millions, dont plus de la moitié sont des autoentrepreneurs. Selon le dernier bilan de l’Urssaf, fin 2022, il y a dix ans, ils étaient 1 million de moins. Cette croissance est due en grande partie à la banalisation du travail à distance et de la pluriactivité, ce qui a ouvert la porte des entreprises à l’essor des indépendants. Ces derniers sont désormais intégrés dans le paysage de l’entreprise, que ce soit pour assumer un surcroît d’activité, fournir une expertise manquante ou développer un projet innovant.
Les indépendants, bien que minoritaires dans les effectifs, font partie intégrante de l’entreprise. Selon Marc Sabatier, directeur général (DG) de Julhiet Sterwen, cabinet de conseil en stratégie d’entreprise, « il y a cinq à dix ans, les entreprises en prenaient peu (d’indépendants) et sur un temps limité pour éviter le risque juridique de requalification en salariat, mais ça a changé. Portés ou non par des sociétés de portage ou les plates-formes numériques de mise en relation, beaucoup de jeunes et de moins jeunes indépendants travaillent en entreprise et ce n’est pas près de s’arrêter. C’est déjà courant dans d’autres pays. Tout le monde y a trouvé un intérêt. Aujourd’hui, 15 % de notre chiffre d’affaires est réalisé par des indépendants. »
Le nombre croissant de travailleurs indépendants dans les entreprises pose également des défis pour les entreprises en matière de gestion d’équipe et de gestion des ressources humaines. Pour maintenir la cohésion entre les indépendants et les salariés au sein d’une même équipe, les entreprises doivent gérer la reconnaissance de leur travail et assurer la confidentialité ainsi que limiter les risques juridiques pour éviter le dumping social entre les différents statuts d’emploi.
Fabienne Muller, enseignante-chercheuse émérite en droit social, explique que les indépendants et les autoentrepreneurs échappent aux limites qu’impose le droit du travail en matière de rémunération minimale, de durée du travail, de repos et de congés.
Les freelances souhaitent être intégrés aux équipes de projet et à leurs routines, estime l’étude Xerfi-Comet « Comprendre et recruter les freelances », publiée début avril. Plus de 1 000 indépendants travaillant principalement dans de grands groupes ont répondu à la plateforme de mise en relation Comet et ont désigné Allianz comme étant la meilleure entreprise pour les freelances en matière d’intégration aux équipes, L’Oréal pour l’expérience globale et Société générale pour la reconnaissance de leur travail et le retour d’expérience qu’ils reçoivent.
En conclusion, le nombre de travailleurs indépendants en France continue d’augmenter et ces derniers sont de plus en plus intégrés dans les entreprises. Bien que cela présente des défis pour les entreprises en matière de gestion d’équipe et de gestion des ressources humaines, les travailleurs indépendants eux-mêmes ont tout à gagner de cette évolution en termes d’intégration, d’expérience de travail et de reconnaissance.
