John Bolton joue un rôle central dans les milieux spécialisés en politique étrangère de l’establishment conservateur américain.
Au fil des ans, il a occupé de nombreuses fonctions gouvernementales. Il a notamment été ambassadeur à l’ONU, sous George W. Bush, et conseiller spécial à la sécurité nationale, sous Donald Trump. C’est aussi un intellectuel engagé.
On l’associe aux faucons du Parti républicain, toujours prêt à utiliser les moyens militaires pour assurer l’hégémonie de l’empire américain.
Empire
Il y a deux semaines, alors qu’il commentait les audiences sur les événements du 6 janvier 2021, il s’est fendu d’une déclaration très particulière.
Elle n’est certes pas passée inaperçue. Mais nous n’en avons pas suffisamment tenu compte. John Bolton a expliqué avoir « participé à la planification de coups d’État », ajoutant que cela demandait beaucoup de travail, et que ce n’était pas une chose à laisser aux amateurs.
On l’aura compris, il disait cela pour expliquer que l’émeute du 6 janvier n’était pas une tentative de coup d’État. Mais l’essentiel est ailleurs.
John Bolton, comme si cela allait de soi, a ainsi confessé que les États-Unis, ces grands professeurs de morale à travers le monde, organisent des coups d’État en fonction de leurs intérêts.
Nous le savions, évidemment.
Mais que la chose soit aussi librement exprimée, comme s’il s’agissait d’une banalité parmi d’autres, comme si les Américains étaient en droit de les organiser, surtout, avait quelque chose de sidérant.
On y verra une forme de sans-gêne propre à Bolton, mais aussi, un aveu tout simple : les États-Unis se croient officiellement en droit de se mêler de la vie des autres pays, de renverser leur gouvernement, ou du moins, de financer les partis et mouvements d’opposition qui leur conviennent.
Ils se donnent le droit de forger des programmes pour américaniser mentalement certains segments de la population, et les amener à confondre le bien de leur propre pays avec les intérêts de Washington, comme on le voit en France dans les banlieues.
Et cela sans compter les nombreuses agences qui travaillent à la promotion de l’idéologie américaine à travers le monde. Cet impérialisme a le culot de se présenter comme une entreprise de promotion de la démocratie.
Alliés ?
On sait aussi qu’entre 2012 et 2014, les services de renseignement américains espionnaient Angela Merkel, qui dirigeait alors l’Allemagne. Ce qu’il fait bon d’être un allié des Américains !
Redisons-le : les Américains, même lorsqu’ils prétendent se battre pour la démocratie, travaillent d’abord pour leurs propres intérêts – dans leur esprit, les deux convergent, et même, se confondent.
Parce qu’ils ont tenu tête aux nazis, puis aux communistes, les États-Unis ont assumé le rôle de leader du monde libre au XXe siècle. Ils ont eu droit à notre reconnaissance pour cela. Mais il n’en est plus ainsi aujourd’hui.
Et nul ne devrait se croire obligé d’être solidaire de cet empire décadent, qui entraîne ceux qui se soumettent à lui dans sa chute.