Après des semaines de reculs sur le terrain ukrainien, la Russie entend reprendre l’initiative grâce à une arme qu’elle affectionne, celle des référendums. L’annonce de tels scrutins, portant sur un « rattachement » à la Fédération de Russie, a été effectuée simultanément, mardi 20 septembre, par les autorités prorusses des régions de Louhansk, Donetsk, Zaporijia et Kherson. Ces consultations, annoncées dans l’urgence, doivent se dérouler du 23 au 27 septembre, soit un délai d’organisation encore plus court que lors du référendum d’annexion de la Crimée, en mars 2014. Cette initiative surprise promet une escalade diplomatique et surtout militaire.
« Le peuple du Donbass, qui souffre depuis longtemps, mérite de faire partie de ce grand pays qu’il a toujours considéré comme sa patrie », écrit sur Telegram le dirigeant de la « république populaire de Donetsk », Denis Pouchiline, demandant au président russe, Vladimir Poutine, de reconnaître le résultat du vote, « dans l’éventualité d’une décision positive ». Tour à tour, les dirigeants des territoires tenus par Moscou ont fait des déclarations similaires, sans expliquer la nécessité d’une telle hâte. Signe supplémentaire d’impréparation, les autorités de Donetsk ont d’abord évoqué un scrutin électronique, avant de faire machine arrière.
Aucun mot n’a évidemment été dit de la participation des millions de citoyens ukrainiens obligés de fuir ces territoires ces dernières années et ces derniers mois. La commission électorale russe a en revanche fait savoir qu’elle installerait des bureaux de vote en Russie pour les Ukrainiens qui y sont réfugiés. Ces annonces paraissent parfaitement coordonnées avec Moscou. Il a fallu quelques minutes au ministre des affaires étrangères, Sergueï Lavrov, pour indiquer qu’il soutenait l’organisation de ces consultations. Une intervention de Vladimir Poutine, mais aussi de son ministre de la défense, Sergueï Choïgou, était aussi annoncée dans la soirée par des sources au Kremlin.
Sérieux aveu d’échec
Les annonces des autorités prorusses ont été accueillies avec des cris de joie par les commentateurs loyaux au Kremlin. Mais cet enthousiasme cache mal l’évidence, celle d’un sérieux aveu d’échec : annoncés de longue date, ces référendums d’annexion n’étaient censés se tenir que sur des territoires intégralement « libérés ». Or l’armée russe n’a pas même été capable de conquérir la totalité de la région de Donetsk, objectif pourtant prioritaire de « l’opération spéciale » en Ukraine, entraînant des reports à répétition de la consultation. Désormais, c’est même le recul des forces russes qui dicte le tempo. Lundi, la « chambre civile » de la « république populaire de Louhansk » a été la première à appeler à l’organisation d’une consultation en urgence.
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