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les producteurs ivoiriens et ghanéens estiment « avoir été entendus »

les producteurs ivoiriens et ghanéens estiment « avoir été entendus »


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Dans l’entrepôt d’un collectif de cacaoculteurs, à M’Brimbo, un village du centre de la Côte d’Ivoire, en avril 2021.

Au lendemain de l’expiration de l’ultimatum lancé il y a deux semaines par la Côte d’Ivoire et le Ghana aux multinationales du chocolat, le ton est revenu à l’apaisement. Dans un communiqué publié lundi 21 novembre, le Conseil du café-cacao et le Ghana Cocoa Board, les deux régulateurs nationaux à l’origine du bras de fer, affirment avoir « noté les efforts consentis par certaines entreprises et leur volonté de trouver de concert des solutions pour une production durable du cacao qui place les producteurs au cœur de cette stratégie ».

Les deux pays, qui assurent près de 60 % de la production mondiale de fèves de cacao, reprochent aux industriels leurs « réticences » à payer le « différentiel de revenu décent » (DRD), une prime à l’achat conçue pour protéger les faibles revenus des cacaoculteurs, que les géants du chocolat s’étaient engagés à verser lors d’un accord historique conclu en 2019. Au point de les avoir menacés de « suspendre les programmes de durabilité » et de leur interdire « l’accès aux plantations » en vue de la préparation de la prochaine récolte. Alex Assanvo, le secrétaire exécutif de l’Initiative Côte d’Ivoire-Ghana pour le cacao, revient sur cette crise dans un entretien au Monde Afrique.

Estimez-vous avoir obtenu gain de cause face aux multinationales ?

L’essentiel pour nous est d’avoir pu faire passer un message de protestation afin de rappeler chacun à ses engagements. Nous avons rencontré les industriels il y a quelques jours et nous avons fait part de nos frustrations : tout le monde a reconnu qu’il y a un vrai problème. Nous pensons que nous avons été entendus. La reprise des achats par anticipation sur le marché montre que les multinationales font confiance au cacao ivoirien.

Dans le communiqué du 21 novembre, il est précisé que « certaines entreprises » ont consenti à des efforts. Deux semaines plus tôt, vous envisagiez des sanctions à l’égard de celles qui ne se plieraient pas à vos règles. Qu’en est-il aujourd’hui pour ces dernières ?

Notre objectif n’est pas d’aller vers une confrontation démesurée. Il ne s’agit pas de mentionner les noms [des entreprises récalcitrantes]. Nous l’avons déjà fait et ces compagnies ont corrigé leur trajectoire. La situation a évolué entre le début de l’ultimatum lancé le 8 novembre et son expiration le 21. Nous sommes sortis d’une situation de statu quo total. Les ventes, je vous l’ai dit, ont repris sur les marchés. Ce n’est pas assez mais c’est encourageant pour continuer les discussions. Cela ne veut pas dire toutefois que l’on renonce aux mesures contraignantes.

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Notre message est clair : les industriels ne doivent pas utiliser le différentiel d’origine qui est une prime qui varie en fonction de la qualité des fèves pour annuler les effets du différentiel de revenu décent sur les revenus des producteurs. Tout le monde a pris cet engagement et toute personne qui sortira de ce cadre sera suspendue sans préavis. C’est un marché libre certes, mais c’est un marché qui a des contraintes et toutes les parties doivent les prendre en compte.

De nombreux experts estiment que l’offre excédentaire est à l’origine du faible prix du cacao sur le marché. La Côte d’Ivoire et le Ghana ne produisent-ils pas trop de cacao pour pouvoir imposer leurs conditions aux multinationales ?

Ce n’est pas une question taboue. Depuis dix ans, derrière la question de la « durabilité » du cacao en Côte d’Ivoire et du Ghana se cache en réalité la question de la productivité et de l’amélioration des rendements. Il y a quatre ans, Abidjan a mis en place une mesure pour réduire la distribution de nouveaux plants. Sans cela, nous ferions face à une production démesurée. Et, au Ghana, nous observons qu’en raison du climat, de la maladie du cacao [le « swollen shoot », un virus qui décime les plantations] et du faible prix du cacao, la production a baissé.

Nous sommes d’accord pour reconnaître que les quantités de fèves de cacao mises sur le marché sont trop importantes, mais nous regrettons aussi l’attitude des industriels qui consistent à s’approvisionner ailleurs (Equateur, Brésil, Colombie, Cameroun, Nigeria). Il est là le problème : nous faisons tous les efforts, mais les acheteurs investissent dans des plantations ailleurs et cette diversification de l’approvisionnement contribue à une stratégie avérée de stabilisation voire de baisse du prix du cacao.

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