La charge fut lourde. Sans pitié. Et répétée. Au lendemain du coup de sang d’Emmanuel Macron, mercredi 26 octobre, sur France 2, contre la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), décrite comme l’alliance du « désordre et du cynisme », les ministres du gouvernement ont à leur tour déchargé leur colère contre la gauche. Mais l’attaque s’est faite plus précise, dirigée contre les membres les plus tempétueux de la Nupes, La France insoumise (LFI), et son chef de file, Jean-Luc Mélenchon, coupables, à leurs yeux, de complicité avec le Rassemblement national (RN).
« La France insoumise est prête à tout par méchanceté », a dénoncé jeudi, sur France Inter, le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, s’interrogeant sur de possibles « négociations d’arrière-cour », qui auraient eu lieu entre l’extrême droite et les responsables de la gauche radicale. La veille, le chef de l’Etat avait parlé d’« une motion de censure qui, à dessein, a été changée par cette coalition baroque de la Nupes ».
En clair, l’union de gauche, qui a déposé, lundi 24 octobre une motion de censure votée, à la surprise générale, par l’extrême droite, aurait, à la dernière minute, modifié son texte pour le rendre « RN compatible », et espérer faire tomber le gouvernement. Des preuves ? « Beaucoup de gens racontent dans les couloirs de l’Assemblée… », s’est avancé le locataire de la Place Beauvau, laissant entendre que les socialistes, écologistes et communistes membres de la Nupes seraient victimes d’une possible « négociation de la honte » orchestrée par LFI pour « s’allier » avec le RN. Sur Franceinfo, le ministre délégué chargé des comptes publics, Gabriel Attal, a abondé, décrivant le sourire, selon lui entendu, qui s’était dessiné sur le visage de Marine Le Pen au moment du vote en regardant les élus LFI. « Ce qu’on a vu, c’est une forme de bascule », a-t-il décrit, compatissant au désarroi des électeurs socialistes, écologistes et communistes.
LFI en antithèse du macronisme
Invité du « 20 heures » de France 2, Jean-Luc Mélenchon a qualifié, jeudi, Gérald Darmanin de « menteur structurel ». « Il n’y a pas d’alliance » entre ses troupes et l’extrême droite, a-t-il assuré, affirmant que « personne n’a rien négocié ». Les macronistes s’égareraient-ils dans des « vérités alternatives », comme l’affirme le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, à Libération, vendredi 28 octobre ? Les mots de Jean-Luc Mélenchon et d’élus « insoumis » se réjouissant d’avoir manqué de peu, avec les voix du RN, le renversement du gouvernement suffisent pour les troupes du chef de l’Etat à conforter la thèse d’un accord entre LFI et le RN. Un trouble aggravé par les propos du leader « insoumis », dans une note de blog, publiée mercredi 26 octobre. S’adressant au patron des sénateurs Les Républicains (LR), Bruno Retailleau, il écrit : « Suivez mon conseil. Evitez de mettre des horreurs xénophobes et des délires libéraux dans votre motion, tenez-vous en à la défense des droits du Parlement et vous aurez une très grande chance de convaincre les autres oppositions de voter avec vous. »
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