« Quiconque travaille a droit à une rémunération équitable et satisfaisante lui assurant, ainsi qu’à sa famille, une existence conforme à la dignité humaine. » Ce principe fondamental est reconnu par les Nations unies dans la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 [article 23].
Toute personne ayant un emploi à temps plein devrait en effet non seulement pouvoir se nourrir et se loger mais aussi avoir accès à des soins et à une éducation, pour elle-même et pour sa famille. C’est-à-dire accéder à un salaire de subsistance.
Malheureusement, même dans certains pays, dits industrialisés, cette évidence n’est toujours pas une réalité et les dérives actuelles liées à l’inflation et aux tensions économiques aggravent des inégalités déjà bien installées.
Main-d’œuvre cachée
A l’échelle mondiale, l’écart est frappant, en particulier dans les pays où se concentrent la plupart des opérations d’extraction, de traitement et de production de nos produits électroniques. Un secteur dans lequel les personnes travaillent dans des mines aux conditions particulièrement difficiles, avec un salaire inférieur à 5 dollars par jour (4,80 euros environ), ou dans des usines dans lesquelles elles assemblent des appareils sur des chaînes de production pendant plus de quatre-vingts heures par semaine pour subvenir à leurs besoins. Ils sont la main-d’œuvre cachée derrière les produits que vous avez entre les mains.
Il est donc temps que les fabricants du secteur de l’électronique, tous pays confondus, s’assurent de la pertinence d’aller au-delà du salaire minimum. Dans l’idéal, cette démarche ne devrait pas être nécessaire : les salaires minimums légaux dans les pays de production devraient constituer un salaire de subsistance.
Force est de constater que, trop souvent, ce n’est pas le cas. Selon les statistiques de l’Organisation internationale du travail (OIT), près d’un travailleur sur cinq dans le monde gagne trop peu pour se sortir, lui et sa famille, de l’extrême pauvreté. Une étude révèle, par exemple, que dans quatre régions de Chine en 2020, un salaire décent correspondrait en réalité à trois fois le salaire minimum légal local.
Payer un salaire décent signifie donc tout simplement traiter les travailleurs comme des personnes plutôt que comme des « ressources humaines » et respecter leur dignité inaliénable.
A peine plus qu’un café en terrasse
De surcroît, garantir un salaire de subsistance représente un effort ridiculement bas ! Concrètement, pour une marque de smartphone, cela représente 2 euros par appareil vendu, soit à peine plus qu’un café en terrasse… Généraliser cet engagement n’a rien de sorcier non plus : dans de nombreuses industries dont l’électronique, de multiples acteurs ont déjà fait le travail et partagent leur méthodologie, tenant compte du coût de la vie et des différences géographiques pour chaque lieu de production.
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