La vice-présidente américaine Kamala Harris a récemment effectué une tournée en Afrique qui l’a conduite en Zambie, au Ghana et en Tanzanie. Au cours de son voyage, elle a salué la créativité du continent tout en appelant à la fondation d’un nouveau partenariat. Cependant, cette visite ne doit pas masquer l’arrière-plan géostratégique du déplacement. En effet, les Etats-Unis et la Chine sont actuellement en compétition tous azimuts, et l’Afrique est l’un des terrains d’affrontement.
En Zambie, Kamala Harris a pu constater les réalisations de la Chine sur le continent africain. Depuis quinze ans, les entreprises chinoises ont construit à tout-va, des routes, des ponts, des terminaux, des stades, etc. Dans une bonne partie de la région, la Chine a un net coup d’avance sur les Etats-Unis. En l’espace de deux décennies, les échanges commerciaux de la Chine avec l’Afrique ont été multipliés par près de trente. Aujourd’hui, ils sont quatre fois plus importants que ceux des Etats-Unis avec les pays africains.
La Chine est ainsi parvenue à sécuriser ses accès aux ressources stratégiques dont le sous-sol de l’Afrique est richement doté, telles que le pétrole au Gabon ou en Angola, la bauxite (pour l’aluminium) en Guinée, le cuivre en Zambie, l’uranium en Namibie, le cobalt et le lithium en République démocratique du Congo (RDC). La quasi-totalité des mines de cobalt de la RDC est déjà passée sous contrôle chinois.
L’administration de Joe Biden s’inquiète de cette situation et tente de reprendre la main. En décembre 2022, un mémorandum d’entente a été signé avec la RDC et la Zambie pour développer dans ces deux pays une chaîne de valeur complète autour des batteries pour les véhicules électriques, depuis l’extraction des minerais jusqu’à la fabrication industrielle. Le tout, selon une logique d’accompagnement et non de pure exploitation.
Après des années marquées par le désintérêt et les offenses de l’administration Trump envers l’Afrique, l’administration de Joe Biden cherche à resserrer les liens entre les Etats-Unis et le continent africain. Depuis le début de l’année, quatre officiels ont ainsi été envoyés sur le continent : l’ambassadrice américaine auprès de l’Organisation des Nations unies, Linda Thomas-Greenfield, la secrétaire au Trésor, Janet Yellen, la première dame, Jill Biden, et le secrétaire d’Etat, Antony Blinken. Le président Joe Biden a même laissé entendre qu’il pourrait être le prochain sur la liste.
En somme, la tournée de Kamala Harris en Afrique doit être vue dans le contexte de la rivalité entre les Etats-Unis et la Chine. Si la Chine a pris une longueur d’avance en Afrique, les Etats-Unis cherchent à rattraper le temps perdu. La concurrence entre les deux grandes puissances continuera donc de se jouer sur le terrain africain.
