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Le sauvetage français de l’« Ocean Viking » fracture la relation entre Paris et Rome et sape les efforts de normalisation de Giorgia Meloni

Le sauvetage français de l’« Ocean Viking » fracture la relation entre Paris et Rome et sape les efforts de normalisation de Giorgia Meloni


Un migrant nécessitant des soins médicaux urgents est hélitreuillé par un hélicoptère de l’armée française depuis le navire de sauvetage « Ocean Viking », le 10 novembre 2022, en mer Méditerranée, entre l’Italie et la Corse.

Jusqu’à la « dernière minute », l’exécutif aura espéré que l’Italie respecte le droit maritime international. En vain. Jeudi 10 novembre vers midi, le navire humanitaire Ocean Viking, qui faisait cap vers la France depuis deux jours, a officiellement été invité à débarquer dans le port de Toulon, écartant définitivement l’hypothèse que Rome finisse par accueillir le bateau de l’ONG SOS Méditerranée. A son bord, les 234 migrants que l’association a secourus en Méditerranée centrale, au large de la Libye, entre le 22 et le 26 octobre.

Dénonçant le comportement « irresponsable » de Rome et son choix « incompréhensible » de ne pas agir, Paris a donc « pris ses responsabilités » et fait valoir son visage humaniste. La décision, annoncée par le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin, est assumée pleinement par Emmanuel Macron, en « première ligne » sur le dossier, souligne un conseiller de l’exécutif.

En 2018, dans un scénario approchant, qui avait vu l’Italie fermer ses ports à SOS Méditerranée, le chef de l’Etat avait refusé d’accueillir le navire humanitaire Aquarius. L’Espagne avait alors laissé accoster plus de 600 migrants.

Conscient de heurter la droite, avec laquelle Emmanuel Macron espère nouer une alliance, et redoutant de nourrir les procès en angélisme sur le sujet de l’immigration, le ministre de l’intérieur a pris soin de rappeler quelques données : parmi les 234 passagers de l’Ocean Viking, il y avait vingt personnes malades et 57 enfants, dont des « bébés », a-t-il mentionné, évoquant une décision prise « à titre exceptionnel », en vertu d’un « devoir d’humanité ». Gérald Darmanin a assuré que les personnes à bord ne relevant pas de l’asile feraient l’objet de « procédures d’éloignement ».

« Un niveau de tension exceptionnel »

« Nous sommes très soulagés du dénouement, confiait Sophie Beau, la cofondatrice de SOS Méditerranée. Même si cette solution a un goût amer. C’est la période d’attente la plus longue qu’on ait connue [trois semaines], en violation grave du droit maritime. »

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés En Méditerranée, les migrants pris dans une « impasse politique »

Selon les normes internationales, les personnes rescapées en mer doivent être débarquées dans le port sûr le plus proche. Mais les appels de l’Ocean Viking à Rome sont restés lettre morte. Jeudi, les relations entre Paris et Rome ont atteint « un niveau de tension exceptionnel », confiait-on au sein du gouvernement. Lors du point presse suivant le conseil des ministres, M. Darmanin a évoqué des « conséquences extrêmement fortes sur la relation bilatérale ». « L’Italie devait accueillir ces personnes », a répété le ministre de l’intérieur, évoquant de possibles « suites juridiques ».

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