Le tribunal administratif a suspendu l’arrêté autorisant le démarrage des travaux pour la construction d’une retenue d’eau de Haute-Savoie. Ce projet, dénoncé par des associations de protection de l’environnement, vise à produire de la neige artificielle pour la station de ski.
La justice a retoqué le projet et s’est rangée du côté des zadistes. Le tribunal administratif de Grenoble a en effet suspendu l’arrêté préfectoral autorisant le lancement de travaux pour la construction d’une retenue collinaire à la Clusaz.
Le juge a estimé que l’utilité de ce projet, destiné à alimenter la station de ski en neige artificielle, ne suffisait pas à justifier son coût environnemental.
« L’intérêt public qui découle de la réalisation d’une retenue collinaire essentiellement destinée à assurer l’enneigement artificiel de la station est insuffisant à remettre en cause l’urgence qui tient à la préservation du milieu naturel et des espèces qu’il abrite », estime le juge des référés dans son ordonnance publiée sur le site du tribunal.
La légalité de l’autorisation préfectorale remise en cause
La retenue devait être creusée en montagne sur le site de la Colombière, actuellement occupé par des militants écologistes opposés. Le tribunal a été saisi en urgence par plusieurs associations régionales dont France Nature Environnement, Nouvelle Montagne, Mountain Wilderness France et la Ligue de Protection des Oiseaux. Depuis fin septembre, des militants ont installé une ZAD pour protester contre le projet.
Pour le juge, « la condition d’urgence est remplie du fait que les travaux de défrichement sont prévus en octobre-novembre 2022 et que les opposants au projet qui occupent le site sont susceptibles d’être expulsés par les forces de l’ordre à brève échéance ».
Critiquant la « légalité » de l’arrêté préfectoral d’autorisation de défrichement publié fin septembre, le juge condamne l’Etat aux dépens, pour un montant de 1.200 euros.
« 58 espèces protégées » en danger, « saccage » d’un bois
Le projet d’un coût de 10 millions d’euros prévoit de creuser 148.000 m3 dans la montagne, sur une « surface au sol de 5 terrains de football » pour « assurer l’enneigement du domaine skiable à hauteur de 45% », selon les militants du groupe Extinction Rebellion qui occupent le site.
« Cela coûtera l’extermination de 58 espèces protégées », avec « saccage » d’un bois, « mise en péril de zones humides, » et « condamnation de la vie piscicole » d’un ruisseau, avec « une dépense en énergie pharamineuse pour l’acheminement de l’eau », selon la même source.
Pour le maire de La Clusaz Didier Thévenet, le bassin de rétention d’eau est indispensable pour soutenir l’économie de la station de moyenne montagne et l’emploi de ses habitants, très dépendant du tourisme. D’autant que l’enneigement pâtit du réchauffement climatique et que l’eau potable risque de manquer du fait de l’irrégularité croissante des précipitations.