Le dispositif sécuritaire n’est pas encore arrêté, mais la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques (du 26 juillet au 11 août) de Paris 2024 a au moins un directeur artistique. Le Comité d’organisation des Jeux (Cojop) a porté son choix, mercredi 21 septembre, sur l’acteur et metteur en scène Thomas Jolly.
Après le chorégraphe Philippe Découfflé (Albertville 1992) et le réalisateur Danny Boyle (Londres 2012), c’est donc un jeune artiste (40 ans), directeur du centre dramatique du Quai, à Angers, qui a été retenu pour animer les différents plateaux artistiques d’une cérémonie qui se déroulera en plein cœur de Paris, avec la Seine comme fil conducteur. « Pour des soucis de cohérence », avance le Cojop, Thomas Jolly sera également chargé de la cérémonie d’ouverture des Jeux paralympiques (du 28 août au 8 septembre) et des deux cérémonies de clôture.
« Thomas Jolly représente le spectacle vivant, la jeune garde théâtrale, il a déjà fait preuve d’audace. Il est capable de mêler des choses classiques très pointues à d’autres plus grand public, comme avec Starmania, qui sera relancé dans quelques semaines. Il a cet éclectisme cher à Paris 2024 », vante Thierry Reboul, le directeur des grands événements et des cérémonies à Paris 2024.
Thomas Jolly a été sélectionné parmi un panel de soixante-dix profils du monde de la culture approchés par les équipes de Paris 2024. Le jeune dramaturge s’est notamment fait connaître pour sa mise en scène en 2010 de l’intégralité de la trilogie Henri VI de William Shakespeare, qui lui vaudra un Molière en 2015. Sa pièce Thyeste, de Sénèque, fait l’ouverture du Festival d’Avignon en 2018. Et sa tétralogie de Shakespeare – vingt-quatre heures de théâtre – au Quai cette année le consacre parmi les metteurs en scène en vue de sa génération.
« Thomas Jolly, c’est une histoire de rencontres. Ce qui m’a frappé, c’est sa personnalité, énonce Tony Estanguet, le patron du Cojop. Dès les premières discussions, il m’a embarqué avec ses idées sur les tableaux et les univers qu’on pourrait présenter lors de la cérémonie. »
Sur et autour de la Seine
Rompu aux marathons scéniques, Thomas Jolly aura pour tâche, dans les prochaines semaines, de s’entourer d’une équipe d’auteurs et de talents scénographiques, chorégraphiques et musicaux afin de créer un spectacle vivant sur et autour de la Seine. Il aura carte blanche, assure Tony Estanguet. « No limit, dans le budget imparti, précise le triple champion olympique de canoé. Je veux que la créativité artistique française s’exprime pleinement à l’occasion de ces cérémonies. »
Les équipes de Paris 2024, qui affirment avoir réalisé « un gros travail sur le récit national avec des philosophes et des historiens », et Thomas Jolly doivent désormais réfléchir à la mise en scène opérationnelle de cette cérémonie ; en clair : savoir quelle histoire dérouler le long des 12 kilomètres de quai. Les grandes lignes narratives seront détaillées « au printemps », espère le patron du Cojop.
Les organisateurs des Jeux de Paris 2024 veulent faire de la cérémonie d’ouverture « un moment de rassemblement et de fierté pour tous les Français ». Voire un marqueur de l’histoire de l’olympisme, comme l’avait fait il y a trente ans la cérémonie des Jeux d’hiver d’Albertville par Philippe Découflé.
Reste la question, épineuse, du coût. Une enveloppe de 137 millions d’euros est pour l’instant inscrite au budget de Paris 2024 pour les quatre cérémonies des JO. Elle doit être affinée d’ici au conseil d’administration du Cojop du 12 décembre. Une rallonge n’est pas exclue si le dispositif sécuritaire de la cérémonie d’ouverture devait être réévalué. En juillet, l’Elysée et le ministère de l’intérieur avaient affirmé qu’il serait dimensionné quand le projet artistique de la cérémonie serait lui-même défini. Il reste désormais au préfet de police, Laurent Nunez, à mettre en scène la chorégraphie entre les différents services de sécurité concernés.
De 90 euros à 2 700 euros pour assister à la cérémonie d’ouverture
La jauge du public pouvant assister à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques le 26 juillet 2024 fait toujours l’objet d’« instructions » entre les équipes du Comité d’organisation de Paris 2024 (Cojop) et les services de l’Etat, font savoir les différentes parties prenantes. S’il semble acquis que près de 100 000 spectateurs payants pourront assister au spectacle sur les quais bas, des incertitudes demeurent sur la jauge admise pour la partie haute des quais (entrées gratuites) : 400 000 à 500 000 personnes sont espérées par les organisateurs. Un chiffre qui doit être affiné pour des raisons de sécurité.
La grille tarifaire des billets à la cérémonie d’ouverture a, elle, été communiquée mardi 20 septembre : il en coûtera de 90 euros à 2 700 euros pour assister au spectacle sur les quais bas de la Seine.