Le marché réglementé du carbone est un système mis en place pour lutter contre le changement climatique. Il existe environ une trentaine de marchés dans le monde, dont le premier a été lancé par l’Union européenne. Les industries les plus polluantes, telles que la sidérurgie ou les raffineries, y sont soumises à des quotas d’émissions de gaz à effet de serre. Elles peuvent acheter des crédits carbone, qui correspondent à une tonne de CO2, pour compenser les émissions qu’elles n’ont pas réussi à réduire.
À côté de ce marché réglementé, il existe un marché volontaire qui se développe rapidement. Bien que beaucoup plus petit (2 milliards de dollars, soit 1,83 milliard d’euros, contre environ 900 milliards de dollars pour les marchés réglementés), il a quadruplé de valeur entre 2020 et 2021, selon une étude de la société spécialisée Ecosystem Marketplace.
Les entreprises occidentales sont de plus en plus intéressées par les crédits-carbone, souvent sous la pression de leurs clients, de leurs salariés ou de l’opinion publique. Elles cherchent à atteindre la neutralité carbone en achetant des crédits, et à communiquer sur leurs efforts en la matière. Certaines entreprises, comme Air France et Danone, ont pour objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 grâce à l’achat de crédits.
Des groupements d’acheteurs ont également vu le jour, tels que Frontier, qui réunit des géants de la tech tels que Meta et Alphabet. Ce groupement a mis sur la table 925 millions de dollars jusqu’en 2030 pour acheter des crédits à des entreprises de capture et de stockage de CO2. Le groupement a même payé jusqu’à 1 800 dollars la tonne en 2022 alors que la moyenne mondiale est d’environ 4 dollars.
Mais comment fonctionne le marché volontaire ? Les vendeurs sont des entreprises, des ONG ou des développeurs de projets principalement installées dans des pays en développement. Les entreprises vendent des crédits en échange de la mise en place de mesures pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Sur le marché volontaire, plusieurs entités assurent le lien entre les vendeurs et les acheteurs. Les intermédiaires sourcent et vendent des projets tandis que les certificateurs garantissent la crédibilité d’un projet et prédisent le nombre de crédits qui peuvent être attribués à chacun. Le processus est long, complexe et souvent critiqué. En effet, une enquête du Guardian a révélé que plus de 90 % des crédits attribués par Verra, une fondation américaine, étaient sans valeur. En mars, un rapport de l’ONG Survival International a également dénoncé le non-respect des communautés locales dans le cadre d’un grand projet de gestion des pâturages au Kenya, dont les crédits ont été achetés par Netflix. Verra a suspendu ses crédits pour le moment.
En somme, le marché volontaire du carbone est un moyen pour les entreprises de compenser leurs émissions de gaz à effet de serre et d’atteindre leurs objectifs de neutralité carbone. Cependant, ce marché est encore jeune et doit encore faire face à des défis importants pour devenir une solution crédible et efficace dans la lutte contre le changement climatique.