Un président voyageur doit surveiller ses arrières tout autant que ses « avants ». Si c’est à son point de destination camerounaise qu’Emmanuel Macron recevait, en début de semaine, un topo de défenseurs des droits humains sur l’emprisonnement de « leaders séparatistes et opposants », c’est de la France qu’il recevait un courrier, au moment où il posait les pieds au Bénin, ce mercredi 27 juillet.
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« Nous souhaitons attirer votre attention sur la situation politique dans ce pays » où « la situation des opposants politiques au régime » est « de plus en plus alarmante », avec des « parodies de procès », notamment ceux de l’ancienne garde des Sceaux Reckya Madougou et du constitutionnaliste Joël Aïvo : datée du 26 juillet, la lettre qui dénonce des « dérives autoritaires » du régime de Patrice Talon est signée par près de 80 députés français. Ces élus craignent que le faste du déplacement présidentiel serve de caution à un pays dont la réputation de Quartier latin de l’Afrique semble un peu ternie par les récentes déconvenues de l’opposition. Et ceci même si un air de décrispation semble souffler, ces dernières semaines, sur l’ex-Dahomey.
Fronde domestique ?
Certainement blasé, le chef de l’État français sait que les missives écrites sous les lambris de son Assemblée nationale ont une vocation… nationale. Nombre des signataires de la lettre sont membres de la « Nupes », cette coalition de gauche que mena Jean-Luc Mélenchon et qui entend animer la nouvelle législature : l’initiateur écologiste Hubert Julien-Laferrière, membre de la commission des Affaires étrangères, les écologistes très en vue Julien Bayou et Sandrine Rousseau, les communistes Fabien Roussel et André Chassaigne, les socialistes Olivier Faure et Jérôme Guedj ou encore l’insoumise Clémentine Autain. À l’heure où le bloc législatif macronien s’est réduit comme peau de chagrin – passé de majorité absolue à majorité relative –, il est plus inquiétant que certains signataires de la lettre appartiennent à une formation politique qui évolue toujours dans le giron de ladite majorité : le parti « En commun ! » de l’ancienne ministre de Macron Barbara Pompili.
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À propos du Bénin, le secrétaire d’État français auprès de la ministre de l’Europe et des Affaires étrangères s’est contenté de rappeler les sujets du déplacement élyséen : la lutte antiterroriste, la sécurité alimentaire et la coopération artistique et culturelle. Plus globalement, sur la nouvelle stratégie d’Emmanuel Macron en Afrique – le traitement du nouvel « illibéralisme » politique africain par des échanges directs avec ses homologues –, l’Élysée a déjà balayé du revers de la main toute « injonction médiatique ». Même publiée dans la presse, une lettre d’élus est un peu plus que « médiatique ».