L’Association des correspondants de la presse internationale (ACPI) en République démocratique du Congo (RDC) a fait part de « ses vives préoccupations », mardi 25 octobre, après la disparition depuis la veille au soir d’un de ses membres, correspondant du New York Times.
Le journaliste congolais Steve Wembi a été visé par « une rafle [menée] par des agents présentés comme appartenant à l’Agence nationale des renseignements [ANR] », indique l’ACPI dans un communiqué. Il « a été inquiété dans un hôtel [du centre de Kinshasa], mais reste introuvable jusqu’à présent », ajoute l’association. Un reporter a par ailleurs indiqué à l’AFP, sous couvert d’anonymat, avoir vu Steve Wembi être embarqué par ces hommes devant cet hôtel dans une Jeep blanche.
« Il n’a jamais été arrêté par les services, en tout cas, j’ai pris depuis hier mon téléphone pour vérifier », a déclaré mardi soir à la télévision officielle (RTNC) le ministre congolais de la communication et porte-parole du gouvernement, Patrick Muyaya, évoquant en revanche un homme « en clandestinité », sans plus de précisions.
Sollicité par l’AFP, le New York Times a fait part de son inquiétude. « Nous sommes préoccupés par les informations selon lesquelles le journaliste congolais Steve Wembi a été arrêté. M. Wembi est un journaliste indépendant réputé, qui a travaillé pour des médias parmi lesquels le New York Times, même s’il n’est pas actuellement en mission pour le Times », a déclaré Nicole Taylor, une porte-parole du journal.
Le correspondant de RFI « brutalement interpellé »
L’ACPI ajoute qu’un autre de ses membres, le journaliste Pascal Mulegwa, correspondant à Kinshasa de Radio France internationale (RFI), « venu pour s’enquérir de la situation de son confrère, a été interpellé brutalement devant l’hôtel et dépossédé de ses effets personnels ». Ses effets lui ont été restitués « après plus de deux heures de détention dans des conditions inhumaines dans les locaux de l’ANR », ajoute le communiqué. « Une somme importante lui a cependant été soutirée par des agents de l’ANR », poursuit l’ACPI.
L’association « condamne ces actes abusifs envers ses membres et exige des autorités compétentes des enquêtes appropriées afin de localiser » Steve Wembi. Dans son communiqué, elle dit rester « préoccupée par des menaces et autres pressions exercées sur les correspondants de la presse internationale depuis des mois ».
La situation est tendue dans l’est de la RDC, en proie aux violences de groupes armés depuis près de trente ans et où la résurgence de la rébellion du Mouvement du 23-Mars (M23) a provoqué un regain de tension avec le Rwanda voisin. Kinshasa accuse Kigali de soutenir cette rébellion, ce que Kigali dément.
Dans son briefing hebdomadaire, lundi, Patrick Muyaya avait appelé la presse à « tenir le front médiatique » et à « éviter de faire le jeu de l’ennemi ». « Nous tenons à la liberté de la presse », a-t-il affirmé mardi sur la RTNC. Mais « il y a lieu aussi de savoir que nous sommes dans un état de guerre, qu’une partie du territoire est occupée et que les informations liées au déroulement des informations militaires requièrent une couverture professionnelle », a-t-il insisté.
La RDC occupe la 125e place (sur 180) au dernier classement mondial de la liberté de la presse établi par l’organisation de défense des journalistes Reporters sans frontières (RSF).
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