Ce week-end, le Parti communiste tient son congrès à Marseille. Sauf énorme surprise, le secrétaire national, Fabien Roussel, devrait être réélu. C’est le 39ème congrès du PCF, fondé en 1920. Retour sur plus d’un siècle d’existence de ce parti communiste, l’un des derniers d’Europe.
Le 39ème congrès du Parti communiste se tient durant tout le week-end à Marseille. Sauf énorme surprise, le secrétaire national Fabien Roussel devrait être réélu. Un vote interne, en tout cas en janvier, a déjà largement validé son texte d’orientation. Décryptage avec le regard du sociologue Jean Viard sur un siècle d’existence de ce parti.
On est l’un des derniers pays d’Europe à avoir un parti communiste. Le communisme, issu du mouvement ouvrier et de constructions du mouvement social avant et après la guerre de 14, était porté par la révolution russe de 1917, et puis caché par le stalinisme pour revenir sur toute l’histoire.
Aujourd’hui, Monsieur Roussel à la présidentielle a eu 800 000 voix, un peu plus de 2%, donc, quelque part, c’est un immense souvenir. En même temps, il s’est passé un élément absolument majeur cette semaine, c’est que pour la première fois, la CGT n’est pas dirigée par un membre du Parti communiste. La CGT est devenue un syndicat qui n’est plus lié au Parti communiste, alors qu’historiquement, on appelait ça « la courroie de transmission ».
Le communisme, c’est une utopie de tout mettre en commun, qui est une très belle utopie. Et puis, dans les faits, c’est une tragédie, parce que comme modèle économique, ça n’a pas marché, avec des situations de violence terrible, sauf en Chine. Ils ont fait de l’économie capitaliste avec une structuration de l’économie privée, à côté d’une politique, qui s’en est déconnectée. C’est un modèle très particulier. Mais il reste le commun. Il reste des gens souvent très dévoués, fort sympathiques. Comme mouvement historique, je pense qu’il a un peu fini sa période.
Le texte d’orientation de Fabien Roussel, présenté au début de l’année, s’intitule « L’ambition communiste pour de nouveaux jours heureux ». Et Fabien Roussel n’hésite pas à faire de la valeur travail, un de ses points cardinaux. Et ça le différencie des autres partis de gauche ?
Oui, le Parti communiste a toujours été implanté dans les entreprises, et dans les entreprises, on sait qu’il y a des ouvriers, des cadres, des cadres supérieurs, des techniciens. Et on sait que la production, c’est une association de métiers, structurée par des compétences, de la hiérarchie, etc. Ce n’est pas le monde de l’usine, ce n’est pas du tout le même rapport au travail, c’est l’opposition travail/temps libre. Ce n’est pas la même logique, et c’est là où la valeur « travail » pour le Parti communiste a toujours été importante. Mais derrière leurs idées, c’est la valeur du travail industriel, c’est la reconnaissance de la diversité des statuts. Le Parti communiste sait qu’il y a des patrons et qu’il faut négocier avec eux. Et LFI aurait tendance à se demander s’il ne faut pas supprimer les milliardaires, ce n’est pas la meilleure approche de la réalité sociale.