La France fait une nouvelle fois figure de pionnière en instaurant une mesure favorable aux librairies. En effet, la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, ainsi que Bruno Le Maire, son homologue de l’économie et des finances, ont signé un arrêté publié au Journal Officiel le vendredi 7 avril 2023. Cet arrêté fixe à 3 euros minimum le seuil réglementaire des frais de port pour les commandes de livres inférieures à 35 euros. Il sera applicable six mois plus tard.
Cette mesure fait suite à la loi Darcos de 2021, qui visait à augmenter le prix plancher de la livraison des livres pour inciter les lecteurs à aller davantage en librairie. Jusqu’à présent, Amazon et la Fnac ne facturent qu’un centime d’euro, quel que soit le prix du livre. En cas de panachage de commandes chez Amazon, si un client achète une cafetière et un livre par exemple, les frais de transport de 3 euros s’appliqueront à partir du 7 octobre. Toutefois, à cette même date, les frais de port resteront à 1 centime d’euro pour toutes les commandes de livres supérieures à 35 euros.
Depuis la crise sanitaire, les libraires indépendants ont renforcé leurs ventes en ligne, mais se plaignent du prix très élevé de ces envois postaux et de la concurrence déloyale d’Amazon. Avec cet arrêté, tous les vendeurs de livres seront placés sous une même toise. Pourtant, la guerre de la rapidité de livraison devrait encore faire rage puisque Amazon peut livrer en une journée, là où les librairies indépendantes ou même les autres sites, comme Leclerc, Cultura ou la Fnac proposent des délais bien plus longs.
L’instauration de ce tarif minimum de 3 euros a été suggérée par l’Autorité de régulation des communications électroniques, des postes et de la distribution de la presse (Arcep). La Commission européenne a accordé son feu vert après une longue plaidoirie de la Rue de Valois, dans un combat à Bruxelles particulièrement âpre. Amazon plaidait pour un tarif de 1,49 euro, soit le coût d’envoi d’un livre de moins de 500 grammes dans l’Union européenne, tandis que les libraires souhaitaient un tarif minimum de 4,50 euros, en estimant qu’ils ne rentraient pas dans leurs frais, même à ce prix.
La France, qui s’est distinguée en adoptant la première le prix unique du livre en 1981, confirme ainsi son soutien à la librairie indépendante face aux géants du numérique. Cette mesure vise à assurer des conditions justes et équitables pour tous les acteurs du marché du livre, et à maintenir, voire développer, la diversité de l’offre éditoriale, tant en ligne qu’en boutique. Cette initiative en faveur des librairies est à saluer, d’autant plus que les librairies indépendantes sont essentielles à notre vie culturelle.
