À six mois des élections sénatoriales, les écologistes parisiens ont lancé une consultation militante pour choisir leurs candidats. Le Sénat, institution souvent jugée conservatrice, retrouve une certaine attractivité. Mais en coulisses, ces velléités de faire changer le Sénat font sourire.
Les discussions sur les retraites n’y sont pas pour rien : le Sénat est redevenu ces derniers mois un maillon visible de notre dispositif parlementaire. Cette noble institution, majoritairement à droite, connue pour sa moquette épaisse, sa composition largement masculine et de plus de 60 ans, attire de nouvelles personnalités. Des politiques bien décidés à y faire rentrer de nouveaux sujets, notamment l’écologie et le féminisme.
Un nouveau terrain de jeu pour EELV ? Les écologistes parisiens peuvent espérer deux sièges au Sénat. Neuf hommes et cinq femmes sont candidats à Paris pour EELV. Les militants ont jusqu’à dimanche 20h pour les départager, un vote purement consultatif. Parmi ces candidats, il y a quelques têtes connues. Les plus médiatiques : l’eurodéputé Yannick Jadot ou la conseillère de Paris Alice Coffin.
Alice Coffin, féministe, figure des luttes LGBT, ambitionne de faire du Sénat « un outil de révolution ». « Ce n’est pas intuitif », reconnaît-elle. Néanmoins la Parisienne théorise que sur les retraites comme sur les bassines, les écologistes se sont placés au cœur des luttes sociales. Des luttes qu’elle veut importer dans les couloirs feutrés du Sénat. Alice Coffin dit vouloir faire du Sénat « une nouvelle hype », comprendre : un endroit branché. Bref, elle rêve de bousculer l’institution de l’intérieur.
Dans un premier temps, l’idée d’avoir au Sénat des personnalités comme Alice Coffin amuse : « Cela mettrait de l’ambiance », sourit un sénateur macroniste. Mais la réalité, c’est que sénateurs et sénatrices assument justement de protéger leur hémicycle des tourments de l’extérieur et d’une forme de brouhaha. On a vu la différence avec l’Assemblée lors des débats sur la réforme des retraites.
« Au Sénat, on se respecte. On ne s’insulte pas, on travaille beaucoup », décrypte la sénatrice Laurence Rossignol. Et la socialiste de rappeler les très nombreux rapports réalisées au Sénat, parfois sur des sujets loin d’être conservateurs. Elle-même avait travaillé sur la question de la pornographie.
Un Sénat moins bruyant mais plus efficace : c’est le message que veulent faire passer les élus de la chambre haute. Est-ce à dire qu’un renouvellement de génération et de pratiques est inutile ? Une modernisation impossible ? Au Sénat, certains racontent la manière dont les nouveaux arrivants tentent souvent de secouer le cocotier avant de se fondre dans le moule. Une métaphore circule même au Palais du Luxembourg : « Le Sénat c’est comme un pot de cornichons. Vous plongez n’importe quoi dans le pot, au bout de trois mois, ca devient un cornichon. »