Dans le magasin Sephora du boulevard Saint-Germain, à Paris, un nouvel espace a discrètement fait son apparition, sobrement délimité par une verrière et par un revêtement de sol en chêne clair, qui le distingue du carrelage noir et blanc caractéristique du reste de la boutique. Sur les présentoirs, des crèmes pour le visage, des lotions, des soins capillaires, des sérums anti-âge. Rien d’inattendu pour une enseigne de cosmétiques et de parfums, si ce n’est les marques référencées : Avène, René Furterer, A-Derma, Garancia, Nuxe, etc. Des classiques que l’on retrouve habituellement sur les étagères des officines et des parapharmacies.
Depuis peu, ils sont désormais également vendus dans l’enseigne de beauté. Cette arrivée furtive sur le marché de la parapharmacie n’est encore qu’en « phase d’expérimentation », précise la filiale du groupe LVMH. Le magasin parisien du boulevard Saint-Germain, dans le 6e arrondissement de Paris, est l’unique point de vente, sur les trois cents magasins que compte la chaîne en France, à proposer cette nouvelle gamme de produits. « Aucune décision n’a été prise à ce jour sur un possible élargissement », détaille Sephora, pour qui cette diversification s’inscrit dans la volonté de « proposer à ses clientes et clients une offre de produits de beauté de prestige la plus large et pertinente possible afin de répondre à toutes les envies et à tous les besoins ».
Inquiétude des pharmaciens
Si l’expérimentation reste encore restreinte en magasin, elle s’accompagne d’un déploiement plus large sur son site de vente en ligne : plus de 500 produits dermo-cosmétiques dans les soins du visage, du corps et des cheveux sont proposés dans ses sous-onglets intitulés « Parapharmacie ».
En chassant sur les terres des officines et des parapharmacies, Sephora prend le risque de s’exposer à la colère d’une partie de ces professionnels, qui s’irritent toujours, après près de quatre décennies, de l’entrée sur ce marché de la grande distribution depuis l’ouverture des premières parapharmacies du groupe Leclerc. Les pharmaciens, qui tirent une partie de leurs revenus de ces produits vendus à tarifs libres – contrairement aux médicaments – s’inquiètent de ces concurrents qui disposent d’une force de frappe commerciale plus étoffée. Pharmazon, une centrale d’achat pour les officines, dénonce notamment une confusion des genres entre parfumerie et parapharmacie, qui dénaturerait la profession de pharmacien.
L’incursion de Sephora sur le marché ne constitue cependant pas une première dans l’Hexagone. D’autres enseignes de cosmétiques et de parfums, dont Marionnaud ou Nocibé, appâtées par le succès des ventes de ces articles auprès du grand public, se sont lancées à l’assaut de ce marché ces dernières années.