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La Chine au secours de l’économie russe, un soutien prudent et intéressé

La Chine au secours de l’économie russe, un soutien prudent et intéressé


Le président chinois, Xi Jinping, et son homologue russe, Vladimir Poutine, lors du sommet de l’Organisation de coopération de Shanghaï, à Samarcande (Ouzbékistan), le 15 septembre 2022.

Jusqu’où le président chinois Xi Jinping est-il prêt à aller pour soutenir son « vieil ami » russe Vladimir Poutine, qu’il a rencontré lors d’un tête-à-tête exceptionnel, jeudi 15 septembre, à Samarcande, en Ouzbékistan ? Le leader communiste a assuré que la Chine « était disposée à travailler avec la Russie pour assumer son rôle de grande puissance ». Concrètement, cela passe, depuis l’été, par des échanges commerciaux en très forte hausse entre les deux pays, au moment où les sanctions internationales atteignent l’économie russe. Mais le soutien de Pékin reste empreint d’une grande prudence.

La Chine a importé pour 72,9 milliards de dollars (72,9 milliards d’euros) de produits russes, en grande majorité des hydrocarbures, entre janvier et août : une hausse de 50 % par rapport à la même période de 2021. Dans l’autre sens, « selon les douanes chinoises, les exportations vers la Russie, qui étaient déjà sur une courbe presque verticale avant la guerre, ont continué d’augmenter, et elles se sont accélérées en juillet-août », souligne François Godement, de l’institut Montaigne, à Paris. Entre janvier et août, elles ont ainsi augmenté de 9,4 % par rapport à la même période de 2021, pour un total de 44,2 milliards de dollars. Oublié le recul observé dans les premières semaines de la guerre : les exportations chinoises ont retrouvé leur niveau d’avant l’invasion du 24 février.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés « La Chine n’a fait montre d’aucune retenue dans ses échanges avec la Russie »

« La Chine fait preuve d’un opportunisme pragmatique. Elle fournit ce qu’elle peut pour maintenir à flot son proche partenaire systémique, tout en se gardant de s’exposer elle-même à des turbulences économiques supplémentaires car sa situation intérieure est difficile », résume François Chimits, chercheur au Mercator Institute for China Studies (Merics) de Berlin.

C’est en mai que les échanges physiques et monétaires bilatéraux se sont accélérés, selon François Godement, à une période où Pékin a par ailleurs radicalisé son discours contre les Etats-Unis. « Sur le marché des changes de Moscou, les échanges rouble-renminbi [yuan, la devise chinoise] ont explosé, signe qu’il se passe des choses sur le plan commercial, note-t-il. Reste que le mélange d’opportunisme et de prudence est un trait caractéristique de l’attitude chinoise vis-à-vis des sanctions, qu’elle condamne par principe. » Dans ce domaine, la pression américaine est forte : quand les Etats-Unis ont, en juin, ajouté vingt-cinq entreprises chinoises sur leur propre liste de sanctions, ils y ont placé cinq sociétés de biens électroniques qui commerçaient avec la Russie.

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