
La mise en retrait et le « silence médiatique » annoncés par son entourage, le 20 septembre, n’auront pas duré longtemps. Six jours plus tard, Julien Bayou a démissionné de ses fonctions de secrétaire national d’Europe Ecologie-Les Verts. L’ex-patron écologiste a déploré dans un communiqué, lundi 26 septembre, être « accusé de faits qui ne [lui] sont pas présentés, dont [ses] accusateurs.trices disent qu’ils ne sont pas pénalement répréhensibles, et dont [il] ne peu[t] pas [se] défendre puisqu’on refuse de [l]’entendre. C’est Kafka à l’heure des réseaux sociaux. »
Son communiqué ne dissipe pas l’épais brouillard autour des faits qui lui sont reprochés, après sa mise en cause publique, quelques jours auparavant, par Sandrine Rousseau sur le plateau de l’émission « C à vous ». L’avocate de Bayou, Me Marie Dosé, a assuré, lundi lors d’une conférence de presse, que son client « n’a jamais exercé la moindre violence psychologique à l’égard de ses compagnes », dénonçant un « vulgaire déballage » et « l’instrumentalisation du juste combat contre les violences sexuelles et sexistes à des fins politiques », à deux mois du congrès d’EELV. Avec ce départ, l’ancien chef de file des Verts met fin, comme il le souligne dans son communiqué, à « plus de neuf ans d’engagement dans la direction du mouvement ».
« J’ai cherché le parti ou le syndicat où je pouvais m’investir, mais je n’ai pas encore trouvé chaussure à mon pied. » Julien Bayou, en 2008
Longtemps, Julien Bayou a milité en marge des partis. Le 12 novembre 2008, dans un supplément « Campus » du Monde intitulé « Que sont les leaders étudiants devenus ? », François Schott dresse le portrait d’un jeune homme de 28 ans qui « s’est fait le porte-parole des stagiaires sous-payés en créant Génération précaire et des étudiants victimes de la hausse des loyers en fondant Jeudi noir ».
Fils de soixante-huitards très engagés, Julien Bayou, après des études d’économie à Strasbourg puis à Sciences Po Paris, travaille alors pour une coordination d’ONG. Mais ce « militant d’un genre nouveau » confie au journaliste se sentir plus utile dans ses activités associatives. « Pour mettre en œuvre ses idées, écrit François Schott, il envisage aussi un engagement politique. “Ce serait le prolongement de mon action militante. J’ai cherché le parti ou le syndicat où je pouvais m’investir, mais je n’ai pas encore trouvé chaussure à mon pied”, regrette-t-il. »
Actions coups de poing
Julien Bayou fait alors partie de cette nouvelle génération des « partisans du rire militant », résume Le Monde Magazine en septembre 2009. Des jeunes, « facétieux engagés », adeptes des actions coups de poing et actifs sur Internet – « c’est dans un cybercafé que Julien Bayou donne rendez-vous », relève Hubert Prolongeau. Ces nouveaux activistes ont « la même envie de bousculer les choses, les mêmes idées (résister au capitalisme plutôt qu’appartenir à un parti), la même conscience de l’importance des médias et la même envie de s’amuser ».
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