Geoffroy Lejeune vit-il ses dernières heures à la tête de la direction de la rédaction de l’hebdomadaire d’extrême droite Valeurs actuelles ? L’article du site de presse spécialisée La Lettre A, jeudi 20 octobre, annonçant son prochain remplacement par Jean-Michel Salvator, a semé le doute en interne, un journaliste de son équipe avouant être « déboussolé » par la situation. « Aucune décision n’est prise », assure, de son côté, Francis Morel, administrateur de la holding qui détient Valmonde, le groupe propriétaire de l’hebdomadaire.
Il reconnaît cependant « des discussions entre l’actionnaire et Geoffroy Lejeune, comme il en arrive souvent ». Selon nos informations, l’arrivée de Jean-Michel Salvator, 61 ans, ne devrait plus tarder. Après deux ans passés à la tête du Parisien, M. Salvator avait quitté son poste de directeur de la rédaction début septembre, au profit de Nicolas Charbonneau. Ses prises de position éditoriales avaient été contestées à plusieurs reprises par la société des journalistes du quotidien, rétifs à voir le journal adopter des positions partisanes.
Ligne éditoriale outrancière
Ancien du Figaro, où il a travaillé aux côtés de Nicolas Beytout, Etienne Mougeotte et Alexis Brézet, eux-mêmes représentants de différents courants qui parcourent la droite, Jean-Michel Salvator aurait pour mission de faire de Valeurs actuelles un hebdo de « droite assumée, mais pas d’extrême droite », assure un proche du dossier. Une ligne éditoriale plus modérée que celle imprimée par Geoffroy Lejeune, trentenaire s’assumant comme « réac », quotidiennement invité sur la chaîne CNews, sous le contrôle de Vincent Bolloré.
Jean-Michel Salvator aurait pour mission de faire un hebdo de « droite assumée, mais pas d’extrême droite », assure un proche du dossier
Bien qu’il se dise « au service de personne », M. Lejeune a mis Eric Zemmour, qu’il ne se cache pas d’admirer et à qui il a consacré un livre dès 2015 (Une élection ordinaire, Ring), en « une » du magazine à sept reprises pendant la campagne présidentielle. Un choix risqué : non seulement 26 % des lecteurs interrogés en avril par l’institut de sondages IFOP se disaient prêts à voter pour Emmanuel Macron – contre 25 % pour Marine Le Pen et 24 % pour Eric Zemmour –, mais les ventes n’en ont pas été meilleures. Au contraire, elles ont accusé une baisse sensible.
La ligne éditoriale outrancière a donné à l’hebdomadaire une visibilité médiatique bien supérieure à ce que ses ventes réelles lui permettaient d’espérer. Quant aux rentrées publicitaires, elles étaient réduites à peau de chagrin sur le numérique depuis que le collectif Sleeping Giants avait entrepris d’interpeller publiquement les marques qui finançaient le journal en permettant à leurs pubs d’apparaître sur son site, afin qu’elles s’en retirent. La version imprimée de l’hebdomadaire n’en compte pas davantage.
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