Cyril Hanouna, ses clowneries, ses outrances, mais surtout… ses audiences. Rares sont les responsables politiques qui ont jugé que l’animateur de « Touche pas à mon poste » (« TPMP ») était allé trop loin en insultant un élu de la République. Le député La France insoumise (LFI) Louis Boyard s’était rendu coupable, à ses yeux, d’avoir « chié sur le tapis » en mettant en cause « la main qui le nourrit », à savoir Vincent Bolloré, propriétaire de la chaîne sur laquelle il officie, C8. De droite à gauche, quasiment tous sont prêts à y retourner, à l’heure où une partie de la France, jeune, populaire, rurale et périphérique leur échappe.
« Pas question », donc, pour La France insoumise « de boycotter » l’émission, avait tranché Jean-Luc Mélenchon dans une vidéo diffusée le 17 novembre. Une façon de mettre un terme aux discrets débats qui ont prévalu au sein du groupe, après le lynchage de l’un des leurs. « Nous savons que nous sommes par effraction sur un plateau favorable à l’extrême droite, organisé par l’extrême droite, fabriqué pour l’extrême droite », a lancé le leader de LFI, précisant que « M. Hanouna » n’était pas son « copain ».
L’animateur star de la galaxie Bolloré n’a pas laissé passer ce moment d’agressivité à son égard. « Jean-Luc, t’aurais pas dû la faire cette vidéo ! », a-t-il lancé, mi-menaçant, mi-blagueur, dans son émission du vendredi 18 novembre. Pendant trente minutes, il s’est employé à diffuser des images d’archives montrant des moments de complicité entre l’ancien candidat à la présidentielle et l’animateur. Jamais à court d’une vulgarité, il a également commenté une séquence avec Emmanuel Macron. « Il lui passe la pommade, il lui lèche les bouboules », a-t-il ajouté. Avec en prime cette punition, « pour l’instant, LFI n’est plus invitée sur le plateau jusqu’à nouvel ordre ».
« Pas équitables »
L’animateur met fin à une relation entamée en 2013 : Jean-Luc Mélenchon avait été l’une des premières figures politiques à se rendre sur son plateau. Lundi 14 novembre, le fondateur de LFI lui accordait encore une quasi-absolution. « Je ne vais pas lui jeter la pierre comme tout le monde », affirmait-il lors de son meeting de Clermont-Ferrand. Ce dernier sait d’ailleurs de quoi il parle quand il affirme que l’émission est un écrin pour l’extrême droite. Le secrétaire général du groupe RN à l’assemblée national Renaud Labaye se souvient encore de la « super émission » à laquelle a participé Marine Le Pen pendant la campagne. « Il a été impeccable », juge le responsable d’extrême droite, qui ne tient plus rigueur du soutien de la chaîne apporté à Eric Zemmour.
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