in

En Côte d’Ivoire, des médecins au cœur d’un marché parallèle de l’IVG

En Côte d’Ivoire, des médecins au cœur d’un marché parallèle de l’IVG


Pour ne rien manquer de l’actualité africaine, inscrivez-vous à la newsletter du « Monde Afrique » depuis ce lien. Chaque samedi à 6 heures, retrouvez une semaine d’actualité et de débats traités par la rédaction du « Monde Afrique ».

Le CHU de Treichville, à Abidjan, en mars 2020.

Dans sa famille, tout le monde sait que Valentin* exerce au sein d’un grand hôpital public d’Abidjan. Le praticien de 38 ans fait la fierté de ses parents, des petits commerçants installés à Divo, à 180 km de la capitale économique ivoirienne. Il leur a offert une maison, où sont accrochés quantité de tableaux et des photos de lui en blouse blanche, stéthoscope autour du cou. Mais ce que ses proches ignorent, c’est que le numéro de téléphone du médecin généraliste circule aussi sous le manteau pour des services hors de toute légalité qui n’apparaissent pas dans les registres hospitaliers.

Lire aussi : Article réservé à nos abonnés En Afrique, les militantes de l’accès à l’IVG s’inquiètent des répercussions de l’abrogation de l’arrêt Roe vs Wade

Plusieurs fois pas mois, pendant ses gardes de nuit, le médecin pratique des interruptions volontaires de grossesse (IVG). Légalement, le code pénal ivoirien n’autorise l’avortement qu’en cas de viol ou de mise en danger de la santé physique de la femme. Une intervention qui nécessite l’aval d’un collège de trois médecins. Pour contourner ces restrictions, beaucoup de femmes sont contraintes de recourir à des avortements clandestins : soit par voie médicamenteuse à l’aide de plantes médicinales ou de « comprimés chinois » (des pilules abortives qui viennent de Chine et parfois de Malaisie) ; soit par des moyens dits « chirurgicaux » (des curetages réalisés par des femmes plus âgées ou des chefs coutumiers).

Ces IVG réalisées en dehors du circuit formel sont à l’origine de 18 % des décès maternels en Côte d’Ivoire, selon « PMA 2020 », une enquête menée en 2018 par les autorités ivoiriennes en association avec des fondations et des universités internationales. D’après cette étude, environ 230 000 avortements étaient alors réalisés dans le pays chaque année. Lié aux grossesses non désirées en milieu scolaire et à une résistance à la contraception, ce chiffre a, selon les associations concernées, considérablement augmenté depuis, notamment à l’hôpital.

« Secret de Polichinelle »

Passible de « provocation au délit d’avortement », Valentin, qui se présente comme un « chrétien fidèle », assure se soucier avant tout de la santé de ses patientes. Formé sur le tard par un collègue gynécologue, il prescrit en général aux femmes qui viennent le voir un médicament abortif, avant d’anesthésier localement et de procéder à une aspiration. « Même si c’est interdit, elles continuent d’avorter, alors autant que cet acte peu banal soit réalisé par des gens compétents et équipés de matériel médical », justifie-t-il.

Il vous reste 52.14% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Jordan Bardella: "Il y a une complicité entre les ONG d'extrême gauche avec les mafias de passeurs"

Jordan Bardella: "Il y a une complicité entre les ONG d'extrême gauche avec les mafias de passeurs"

Marie-Ève Dicaire: séance de photos spectaculaire en Angleterre

Marie-Ève Dicaire: séance de photos spectaculaire en Angleterre