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Des Ukrainiens accueillis au Canada venaient… de Chine

Des Ukrainiens accueillis au Canada venaient... de Chine


Chine, Mexique, Émirats arabes unis… le gouvernement Trudeau a octroyé des milliers de visas à des ressortissants ukrainiens résidant très loin du conflit avec la Russie, a découvert notre Bureau d’enquête.

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Selon notre recension, près de 15 000 visas de travail ou d’études de trois ans ont été octroyés à des personnes qui ne résidaient même pas en Europe au moment de la demande.  

« La façon dont le programme fédéral est écrit, c’est sûr que ç’a permis à des gens qui n’avaient pas fui les bombes en février 2022 [de venir au Canada] », juge Adèle Garnier, professeure agrégée au département de géographie de l’Université Laval. 

La variété des pays où résidaient les demandeurs a de quoi impressionner. Plus de 2200 demandes ont été présentées depuis Israël et plus de 1300 depuis la Chine. Quelque 175 pays ou territoires sont représentés. Aucun continent – sauf l’Antarctique – n’est épargné. 

Règles très souples

C’est que pour avoir droit à l’Autorisation de voyage d’urgence Canada-Ukraine (AVUCU), nul besoin d’avoir fui la guerre. Si vous êtes détenteur d’une preuve de citoyenneté ukrainienne (ou en êtes l’époux ou l’enfant), vous êtes admissible. 

« L’Ukraine est un pays où il existe un environnement d’insécurité depuis très longtemps », nuance Mme Garnier, qui considère que les nouveaux arrivants avaient probablement une raison légitime de déménager au Canada.  

C’est le cas de Kostyantyn Dudnyk, arrivé au Canada en juin depuis la Thaïlande. L’homme de 40 ans, originaire de Crimée, s’est retrouvé en Asie en 2019. Alors qu’il songeait à revenir en Ukraine, la guerre a éclaté, le laissant devant peu d’options. 

S’il n’a jamais songé à venir au Canada, il a été surpris d’apprendre qu’il était admissible au programme de l’AVUCU. 

« Le gouvernement canadien a fait plus pour moi en cinq mois que le gouvernement ukrainien pendant toute ma vie », se réjouit celui qui étudie le français et travaille dans un restaurant. 

Beaucoup de monde

En date du 15 novembre, 420 000 visas avaient été octroyés, un nombre en constante augmentation. Sur ce nombre, environ 115 000 personnes ont en effet mis les pieds au Canada.  

À noter que la plupart des demandes proviennent de l’Ukraine ou de pays voisins où il est admis que des Ukrainiens ont fui temporairement en raison de l’invasion russe, comme l’Allemagne et la Pologne.

Par ailleurs, Mme Garnier voit une « forme d’injustice » entre le programme « inédit » des Ukrainiens et le sort de ceux fuyant d’autres guerres. 

« Pour les gens qui n’ont pas accès à ce genre de protection, c’est très difficile d’être témoin de cette situation, dit-elle. 

– Avec Nora T. Lamontagne

Pays non européens où résidaient les demandeurs 

  • Émirats arabes unis : 2645 
  • Israël : 2238
  • Chine : 1323
  • États-Unis : 1063
  • Jordanie : 805
  • Liban : 720
  • Égypte : 487
  • Thaïlande : 397
  • Qatar : 396 

Sources : Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada et compilation du Bureau d’enquête

Le Canada est plus souple que l’Europe 

Contrairement au Canada, les pays européens ayant reçu le plus de migrants ukrainiens exigent tous des nouveaux arrivants qu’ils aient habité l’Ukraine au moment de l’invasion.

Selon les sites web gouvernementaux de la Pologne, de l’Allemagne, de la Tchéquie, de l’Italie et de l’Espagne, habiter l’Ukraine au début de l’invasion, le 24 février, est une condition pour obtenir une protection temporaire.  

À l’autre bout du globe, l’Australie a mis fin en juillet à son programme humanitaire pour les ressortissants ukrainiens, après avoir offert 40 fois moins de visas que le Canada. 

« Le programme canadien est intéressant, car il reconnaît la complexité des motifs de la fuite [de l’Ukraine] », juge néanmoins l’experte en immigration de l’Université Laval, Adèle Garnier. 

215 millions $ en fonds publics 

Au Québec, les Ukrainiens et leurs proches qui obtiennent l’AVUCU ont droit à plusieurs services dispensés par l’État, notamment l’assurance maladie et médicaments, l’éducation générale pour enfants et adultes ainsi que des crédits d’impôt pour garde d’enfant.  

Le gouvernement fédéral octroie également aux nouveaux arrivants une aide financière ponctuelle de 3000 $ par adulte et de 1500 $ par enfant. Ainsi, depuis le début de la guerre, quelque 60 000 adultes et 20 000 enfants ont eu droit à ce coup de pouce financier, pour un total d’environ 215 millions $. 

Par courriel, le ministère canadien de l’Immigration a précisé que le programme a été conçu avec cette souplesse pour « les Ukrainiens qui se trouvaient dans d’autres pays du monde lorsque la guerre a éclaté et qui se sont retrouvés dans l’impossibilité de rentrer chez eux ».

« Le Canada ne limite pas le nombre de demandes de visa de résident temporaire acceptées [en fonction du] pays », a ajouté Isabelle Dubois, porte-parole pour Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada.  

Le visa d’urgence en bref   

  • Pour « venir en aide aux personnes touchées par l’invasion russe de l’Ukraine »  
  • Gratuit 
  • Permis de travail et/ou d’étude de 3 ans  
  • S’adresse à tous les Ukrainiens, leurs époux et leurs enfants 
  • Les photos et empreintes digitales sont exigées

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