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De l’Ukraine à Taïwan, l’agaçant généralissime Elon Musk

De l’Ukraine à Taïwan, l’agaçant généralissime Elon Musk


Elon Musk, au Met Gala, à New York, le 2 mai 2022.

Il propose un plan de paix pour l’Ukraine ; il suggère de créer une « zone administrative spéciale » pour régler le sort de Taïwan ; il veut rétablir Internet pour les Iraniennes en révolte contre les mollahs. Cet homme aux allures de « général en chef » n’est pas le président des Etats-Unis. Il s’agit d’Elon Musk, fondateur de SpaceX et patron de Tesla. A 51 ans, l’homme le plus riche du monde (200 milliards de dollars de fortune) tient forum sur Twitter (qu’il se propose toujours de racheter) et multiplie les initiatives géopolitiques qui font grand bruit, suscitant l’ire du président ukrainien, Volodymyr Zelensky, et les applaudissements de l’ambassadeur de Chine à Washington.

Ce n’est pas la première fois que les milliardaires américains cherchent à jouer un rôle politique éminent sans passer par la case élection. Avec sa fondation, Bill Gates est le ministre de la santé officieux de l’Afrique. Il y a plus d’un siècle, Andrew Carnegie, magnat de l’acier, avait tenté de rencontrer le Kaiser Guillaume II pour empêcher la première guerre mondiale. John Rockefeller Junior, héritier de l’empire pétrolier de son père, a financé l’Organisation des Nations unies à New York après guerre, tandis que l’ex-spéculateur George Soros s’investit depuis trente ans dans la défense de la démocratie libérale. Des incursions consensuelles, en appui de politiques occidentales et progressistes.

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Musk gêne, car il est différent. D’abord, il ne s’impose pas les contraintes morales de ses pairs. Il considère – à tort ou à raison – qu’il œuvre déjà pour le bien de l’humanité en préparant la migration sur Mars ou en développant la voiture électrique pour lutter contre le réchauffement climatique. Il n’a pas à expier sa richesse brutalement acquise comme Carnegie, Rockefeller, Gates et Soros, ni à être « philanthrope », deuxième prénom des milliardaires américains. Sa force réside dans son argent, mais aussi dans son relatif détachement : officiellement, pas de yacht, pas de train de vie pharaonique. Les dollars ne sont pas pour lui le moteur le plus essentiel, mais le moyen de la transformation du monde. Ses valeurs libertariennes ne le conduisent pas à l’isolationnisme, mais à une volonté de pouvoir. Musk, ce ne sont pas des voitures et des fusées : c’est l’alliance de l’énergie (les batteries et le solaire), du mouvement (Tesla) et des communications (Starlink, Twitter). Bref, un projet quasi messianique jamais connu depuis Thomas Edison (1847-1931), la fée électricité, et General Electric, porté par un patron de plus en plus mégalomane et incontrôlable dans ses propos.

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