Pour ne rien manquer de l’actualité africaine, inscrivez-vous à la newsletter du « Monde Afrique » depuis ce lien. Chaque samedi à 6 heures, retrouvez une semaine d’actualité et de débats traitée par la rédaction du « Monde Afrique ».
Condamné à la perpétuité, mais pas au silence. Emprisonné depuis bientôt cinq ans, Sisiku Julius Ayuk Tabe est aujourd’hui le président autoproclamé de l’Ambazonie, une république dont l’indépendance n’a été nulle part reconnue. Depuis son extradition du Nigeria, en janvier 2018, puis sa condamnation par la justice militaire camerounaise, son pouvoir reste confiné derrière les barreaux de la prison centrale de Kondengui, à Yaoundé. Loin des collines de « son » pays : les deux régions anglophones du Cameroun, toujours en proie à une guerre de basse intensité entre mouvements indépendantistes et forces nationales. Cela ne l’empêche pas, cependant, de s’exprimer dans la presse pour y poser ses conditions de paix.
« Nous proposons d’abord que le Cameroun, qui a déclaré la guerre, déclare le cessez-le-feu et la démilitarisation des régions anglophones, la libération de toutes les personnes incarcérées à cause de cette crise, l’amnistie en faveur des compatriotes exilés et un dialogue international arbitré par un pays neutre et en un lieu convenu par les deux parties. Dès que ces conditions seront réunies, nous allons nous asseoir, si le gouvernement le veut, pour négocier », assure M. Ayuk Tabe dans un entretien au quotidien camerounais Le Jour publié le 5 décembre.
Cette proposition, déjà faite il y a quatre ans, n’a que peu de chances d’être entendue du côté du palais présidentiel d’Etoudi. « Ayuk Tabe n’est qu’un escroc qui a détourné des millions de francs CFA de la Sonel [l’ex-Société nationale d’électricité]. Il n’a de toute façon aucun pouvoir sur le terrain », répond une source proche de la présidence pour clore toute possibilité de pourparlers. Fermeté, intransigeance et répression ont été jusqu’ici les réponses favorites de Yaoundé dans cette crise apparue en octobre 2016.
Plus de 6 000 morts
Des avocats et des enseignants de la minorité francophone (environ 20 % de la population du Cameroun) s’étaient alors mis en grève pour demander une meilleure prise en compte de leurs particularités dans un système qu’ils estiment dominé par les francophones. La brutalité de la réplique du pouvoir camerounais avait jeté le NOSO – l’abréviation communément utilisée pour désigner les deux régions à majorité anglophone, le Nord-Ouest et le Sud-Ouest – dans la guerre. Six ans plus tard, le conflit aurait fait plus de 6 000 morts, selon les estimations de l’ONG International Crisis Group. D’après les Nations unies, près de 630 000 personnes sont aujourd’hui déplacées à l’intérieur du pays et plus de 85 000 sont réfugiées au Nigeria voisin.
Il vous reste 56.49% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.