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Est-ce le massacre de trop commis à l’encontre de civils par les rebelles du Mouvement du 23-Mars (M23) dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC) ? Celui dont la brutalité fera suffisamment monter la pression diplomatique et militaire pour faire reculer ce mouvement armé et ses parrains régionaux ? Il faut remonter à une quinzaine d’années et une rébellion précédente, soutenue déjà par le Rwanda, pour trouver trace de tueries comparables à celles commises les 29 et 30 novembre dans les villages de Kishishe et Bambo, au Nord-Kivu.
« C’est le plus important massacre depuis la création du M23 » en 2012, observe le député Juvénal Munubo Mubi
« Au moins 131 civils [102 hommes, 17 femmes et 12 enfants] y ont été tués au cours d’actes de représailles […] commis dans le cadre d’une campagne de meurtres, de viols, d’enlèvements et de pillages », selon les résultats préliminaires du Bureau conjoint des Nations unies pour les droits de l’homme en RDC (BCNUDH). « En 2008, il y a eu des massacres comparables, mais c’est le plus important depuis la création du M23 [en 2012]. Au regard des réactions de la Monusco [la mission de l’ONU] et de la France condamnant ces dernières violences et appelant à la dissolution du mouvement, on assiste peut-être à un tournant », espère Juvénal Munubo Mubi, député de Walikale, une circonscription du Nord-Kivu. Le M23, endormi durant de longues années, a repris l’offensive il y a un peu plus d’un an dans l’est du pays.
Le bilan provisoire dressé par l’ONU découle d’une cinquantaine d’entretiens réalisés par une équipe du BCNUDH avec des victimes et témoins directs de Kishishe venus se réfugier dans l’enceinte de la base de la Monusco à Rwindi, à 20 km des lieux du massacre. « La zone de Kishishe est sous le contrôle du M23, il était donc impossible de se rendre sur place pour recueillir des preuves ou des témoignages sans mettre en danger la vie de victimes ou de témoins », explique Abdoul Aziz Thioye, directeur du BCNUDH à Kinshasa, joint par téléphone.
Mercredi 7 décembre au soir, il espérait encore qu’une de ses équipes, escortée par des casques bleus de la Monusco, puisse se rendre prochainement sur les lieux afin de vérifier des propos faisant état de fosses communes creusées par le M23 ou d’exécutions sommaires, y compris d’enfants, dans l’enceinte d’une église adventiste.
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