Les promesses de neutralité carbone des grands groupes high-tech sont souvent biaisées. Imaginer qu’un géant comme Apple puisse fabriquer et vendre des centaines de millions d’iPhone, Mac, AirPods et iPad chaque année sans impact sur la planète et ses écosystèmes est clairement un leurre, même s’il s’agit du message que la marque tente de faire passer. Il n’empêche, chercher à atteindre des objectifs ambitieux oblige tout de même ces entreprises à réduire leurs émissions en pratique, et à réaliser des investissements favorables à la transition énergétique.
C’est ce que l’on constate chez Apple qui, après avoir atteint — selon ses calculs — la neutralité carbone pour toutes ses activités du scope 1 (qui englobe les gaz à effet de serre émis directement par l’entreprise), se concentre désormais sur les scope 2 (la production) et 3 (les services et assimilés), en incluant fournisseurs et partenaires.
Certes, malgré ses promesses d’une production globale totalement neutre en 2030, du Vietnam au Brésil, la fabrication d’un iPhone aura toujours un coût carbone (sans parler des autres pollutions) que l’entreprise devra compenser (par l’intermédiaire de crédits carbone hautement contestables). Cela l’oblige néanmoins à imposer des normes de réduction des émissions plus ambitieuses à ses fournisseurs et à entreprendre des chantiers de « croissance verte » d’envergure.
Objectif 100 % d’énergie bas carbone côté production
On apprend ainsi que les fournisseurs d’Apple devront désormais apporter les preuves de leurs progrès en matière de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre, notamment dans les scope 1 et 2, et qu’ils seront audités chaque année. Une contrainte qui s’ajoute à l’obligation d’utiliser (ou plutôt d’acheter) 100 % d’énergie renouvelable pour couvrir la facture électrique correspondant à la fabrication des produits frappés d’une pomme.
Des règles qui semblent avoir de vrais effets bénéfiques puisque, selon Apple, plus de 200 fournisseurs (représentant 70 % de ses partenaires de production) se sont engagés à utiliser de l’électricité verte issue de fermes éoliennes ou solaires. Par ricochet, ceci exerce une pression supplémentaire sur les fournisseurs d’énergie, qui se doivent d’accompagner la demande en augmentant leur production d’énergie renouvelable.
De quoi tirer le marché de l’énergie dans le bon sens, même si les installations renouvelables ont, elles aussi, leur lot de problématiques environnementales, entre artificialisation des sols, impacts sur les écosystèmes locaux et consommation de ressources minières rares.
3000 GWh d’énergie renouvelable de plus chaque année en Europe
Dans ce cadre, Apple vient aussi d’annoncer de nouveaux investissements massifs en Europe en faveur de la construction d’unités de production d’énergie renouvelable. Sans fournir beaucoup plus d’éléments, la marque se dit prête à accompagner financièrement de nouveaux projets éoliens et solaires sur le Vieux Continent, avec pour objectif d’ajouter chaque année une capacité de 3000 GWh d’énergie « verte » sur le réseau.
Son vœu ? « Alimenter en énergie bas-carbone l’ensemble des appareils Apple utilisés en Europe ». Autrement dit, la marque compte calculer la quantité d’énergie nécessaire à la recharge de tous ses appareils utilisés sur le continent et injecter tout autant d’énergie renouvelable sur le réseau européen. Elle estime que 22 % de son empreinte carbone en Europe est issue du rechargement des iPhone, Mac, etc.