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À Bagdad, la rue des libraires, témoin de l’avant et l’après-Saddam Hussein

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Haj Mohammed Al-Khashali, âgé de 89 ans, est un serveur de thé au café Shabandar situé dans la célèbre rue Al-Mutanabbi, qui tient son nom du célèbre poète arabe du Xe siècle, dont la statue trône à proximité du centre de Bagdad. Selon un reportage d’Al-Jazeera consacré au 20e anniversaire de l’invasion américaine en Irak sur l’ordre de George W. Bush, cette rue est devenue un « symbole de la liberté intellectuelle », attirant des écrivains, des artistes et des voix dissidentes. Elle est également connue pour l’adage « Le Caire écrit, Beyrouth publie et Bagdad lit ». Aujourd’hui, cette rue subit les stigmates de la violence perpétrée pendant l’invasion américaine de 2003 et des conflits communautaires qui ont suivi.

En 2007, un attentat suicide à la voiture piégée a dévasté la rue, tuant 30 personnes, notamment quatre fils et un petit-fils de Haj Mohammed Al-Khashali. Cette tragédie a laissé une cicatrice dans le cœur d’Haj Mohammed et le carnage a été la conséquence directe des violences communautaires qui ont ensanglanté la ville pendant des années. Haj Mohammed perdure néanmoins, continuer de servir du thé dans ce café emblématique de la rue Al-Mutanabbi.

Si certains Irakiens considèrent que Saddam Hussein, qui gouvernait le pays d’une main de fer, était mieux que la démocratie qui a été instaurée à la suite de l’invasion américaine, les libraires installés dans cette rue n’étaient pas du même avis. Selon eux, la censure était stricte sous le règne de Saddam Hussein et de nombreux livres étaient interdits. Aujourd’hui, malgré les récents tours de vis du pouvoir qui s’attaque notamment aux « contenus décadents » sur les réseaux sociaux et à la consommation d’alcool, les libraires n’ont pas de nostalgie pour l’ancien temps.

Cela étant dit, les libraires de la rue font aujourd’hui face à un autre défi, celui des rénovations effectuées en 2021 qui ont entraîné une forte augmentation des loyers, rendant leur situation économique intenable. Cette situation ajoutée à l’instabilité économique généralisée en Irak constitue un autre défi pour la rue Al-Mutanabbi, symbole de liberté et d’expression en proie aux vicissitudes de la guerre et de la rénovation urbaine. Malgré la violence et la destruction, Haj Mohammed et les autres habitants de cette rue emblématique continuent de résister pour préserver leur histoire et leur culture.

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