Publié le 29 juil. 2022 à 8:08Mis à jour le 29 juil. 2022 à 16:19
C’est une bonne nouvelle pour le gouvernement. En dépit de la montée des périls ( inflation à des niveaux inédits, crise énergétique, pénuries), la France a renoué avec la croissance au deuxième trimestre. Et celle-ci s’est même révélée nettement plus robuste qu’attendu.
Entre avril et juin 2022, le PIB a rebondi de 0,5%, après un repli de 0,2% au cours des trois mois précédents, selon l’estimation provisoire publiée vendredi par l’Insee. Les conjoncturistes tablaient plutôt sur une modeste hausse de 0,2%.
L’Institut a aussi révisé ses estimations pour les quatre trimestres de l’année passée, contribuant à faire remonter l’acquis de croissance pour 2022, estimé à 2,5% à la fin du deuxième trimestre. Soit l’objectif de l’exécutif (jugé trop optimiste par le Haut Conseil des finances publiques) pour l’ensemble de l’année.
Retour des touristes étrangers
L’essentiel de l’embellie a été alimenté par le dynamisme des services d’hébergement-restauration et de transport. Grâce au retour des touristes étrangers en France, le commerce extérieur apporte également une contribution positive au PIB de 0,4 point. Autre indicateur dans le vert : l’investissement des entreprises a continué de progresser de 0,5%.
En revanche, déjà en berne au premier trimestre (-1,5%), la consommation des ménages s’est de nouveau repliée en volume de 0,2% entre avril et juin. Avec l’inflation, au plus haut depuis 30 ans, le budget des Français est soumis à rude épreuve en dépit des mesures de soutien.
Selon les économistes, la consommation des ménages pourrait toutefois être tirée au cours des prochains mois par les nouvelles mesures de pouvoir d’achat: revalorisation des minima sociaux, des retraites, du point d’indice des fonctionnaires, ristourne à la pompe, etc. Les effets sur la croissance devraient être bénéfiques. Et la saison touristique s’annonce record cet été.
Récession en cas d’arrêt des livraisons de gaz russe
Mais comme Bercy ne cesse de le répéter, le contexte reste « incertain » et les «risques baissiers » nombreux : risque de pénurie de gaz, contraction de l’activité aux Etats-Unis, confinements en Chine… «Plus on va avancer vers la fin de l’année, plus l’économie française va ralentir sous l’effet de la dégradation de la conjoncture internationale, prédit Ana Boata, directrice de la recherche économique chez Allianz Trade. Et une récession ne pourra pas être évitée l’an prochain en cas de coupure des livraisons de gaz russe. »
Sans même envisager ce scénario noir, le FMI et l’OFCE ne tablent plus que sur une hausse du PIB de 1% en France en 2023. Bercy vise 1,4% dans son programme de stabilité .
Des emprunteurs « plus prudents »
L’activité en France va être aussi confrontée à la remontée des taux d’intérêt et au resserrement du crédit. En clair, les emprunteurs risquent d’être plus prudents et les banques plus regardantes…
L’investissement des ménages – en immobilier – et des entreprises pourrait alors ralentir, même si ce n’est pour l’heure pas le cas . « Le stock de dettes va aussi coûter plus cher. Cela va dégrader les marges des entreprises, de 2 à 3 points, au début de l’an prochain », estime Ana Boata.
«A chaque mise à jour, les prévisions de croissance sont abaissées », met en garde Bruno Cavalier, chef économiste d’Oddo-BHF. Pointant «un retournement de cycle», l’expert alerte sur «le risque d’une stagnation de l’activité dans les prochains mois » et ne croît pas à une croissance à 1,4% l’an prochain.