Publié le 27 juil. 2022 à 12:13Mis à jour le 27 juil. 2022 à 17:42
La baisse du chômage avait été spectaculaire en 2021 , avec un demi-million de demandeurs d’emploi de moins en un an. Sauf surprise, la performance ne devrait pas se reproduire en 2022 au vu des statistiques publiées ce mercredi par le ministère du Travail.
La France hors Mayotte comptait 3.165.900 demandeurs d’emploi n’ayant pas du tout travaillé dans le mois (catégorie A) en moyenne au deuxième trimestre. C’est 26.500 de moins en trois mois, après un recul 169.100 au premier trimestre. Ce ralentissement notable de la décrue du chômage a touché toutes les catégories d’âge et les femmes comme les hommes.
Ce n’est pas une surprise: l’emploi réagit toujours avec retard à la croissance et celle-ci a stagné au premier trimestre en France . Mais le freinage est à prendre au sérieux, d’autant que les données sur le seul mois de juin, même si elles sont à interpréter avec précaution, font état d’une hausse nette du nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A.
Interpréter avec précaution
La situation reste cependant positive si l’on prend en compte le nombre de demandeurs d’emploi qui ont un peu ou beaucoup travaillé dans le mois (catégories B et C). Celui-ci a accusé une forte baisse (-3,7 % après +2,2 % pour les premiers, -2,7 % après 0 % pour les seconds). Sur trois mois, le nombre de personnes inscrites à Pôle emploi qu’elles aient ou non travaillé (catégories A, B et C) a donc continué à baisser, revenant à 5.436.100 (-1,7 %), ce qui représente tout de même 94.000 demandeurs d’emploi de moins.
Plusieurs signaux incitent à la prudence pour la suite du côté des entrées à Pôle emploi. D’abord, le fait qu’elles ont augmenté de 2,2 % sur le trimestre, retrouvant leur niveau d’avant la crise du Covid. Et les motifs d’inscription sont aussi à regarder de près. Le calme se maintient sur les licenciements économiques après une petite poussée pendant le Covid et les ruptures conventionnelles sont restées sur un plateau, les licenciements pour d’autres motifs connaissent, eux, une poussée depuis le début de l’année. Tout comme les fins de contrat et, encore plus, les fins de mission d’intérim.
La faiblesse des premières entrées sur le marché du travail est à mettre en lien avec le fort développement de l’apprentissage qui conduit à prolonger les études, mais ces jeunes vont se retrouver à un moment ou un autre sur le marché du travail. On mesure là l’impact que pourrait avoir un relâchement de la dynamique des contrats d’apprentissage et de professionnalisation sur le chômage.
Hausse des démissions
Côté sorties de Pôle emploi, les signaux sont plus complexes à analyser. Le nombre de radiations administratives s’est situé à un niveau élevé au deuxième trimestre, mais sans dépasser les pics précédents. Le nombre d’inscriptions pour reprise d’emploi a, lui, marqué le pas, repassant sous la barre des 100.000 pour la première fois depuis deux ans. Mais dans le même temps, les radiations pour défaut d’actualisation, qui masquent souvent des reprises d’emploi, se sont situées à un niveau particulièrement élevé.
Enfin, le spectre de la « grande démission » que subissent en ce moment les Etats-Unis se lit aussi dans les statistiques du chômage en France, marquées par une hausse significative des démissions. Ce motif d’inscription a été évoqué par 24.400 demandeurs d’emploi en moyenne chaque mois au deuxième trimestre, un niveau plus jamais égalé depuis le début de 2004. Alors que la confiance des ménages marque le pas , c’est un bon signal sur le dynamisme du marché du travail.