Bolloré Logistics a accepté la promesse d’achat de l’armateur CMA CGM pour un montant de 4,65 milliards d’euros avant calcul de la dette et de la trésorerie à la date de réalisation. Avec des profits record de 40 milliards d’euros engrangés sur les exercices 2020-2022, l’armateur marseillais réalise la plus grosse opération de son histoire.
Pour le groupe de la famille Saadé, les frets maritime, aérien (Air France-KLM), ferroviaire (Gefco) et même spatial à terme (Eutelsat) sont les provinces d’un empire global capable de livrer les marchandises jusqu’au dernier kilomètre, partout dans le monde. En prenant la cinquième place dans un secteur de la logistique en pleine consolidation, derrière DHL, Kuehne+Nagel, DB Schenker et DSV A/S, CMA CGM renforcera son poids dans le marché.
De son côté, Vincent Bolloré, chef de file de la sixième génération du groupe Bolloré, referme le chapitre du transport-logistique. Sans moyens pour entrer dans la cour des grands, il a amorcé le repli en vendant fin 2022 son activité logistique en Afrique à l’italo-suisse Mediterranean Shipping Company, et à très bon prix (5,7 milliards de dollars). Puis, Bolloré Logistics a été cédé pour 1 milliard de plus que l’estimation des analystes.
Mais Bolloré, toujours PDG de la Compagnie de l’Odet, qui contrôle le groupe, a encore de l’appétit. Avec son trésor de guerre, il se renforcera probablement dans les médias. Il détient encore 18 % d’Universal Music et, surtout, près de 30 % de Vivendi, qui doit absorber Lagardère (édition, média et retail) après le feu vert de Bruxelles attendu en juin. Le milliardaire breton semble bien décidé à prendre le contrôle total, d’une manière ou d’une autre, de la maison mère de Canal+ et Havas. Il sera lui-même à la manœuvre pour cette opération, avant de lâcher définitivement les rênes à la septième génération.