Depuis dix ans, Marc Vicens se bat devant les tribunaux pour obtenir une juste représentation des salariés chez son employeur, Akka Technologies, devenu Akkodis après son rachat par Adecco. Malgré l’existence de 6 000 salariés et un chiffre d’affaires de 500 millions d’euros en France, le groupe d’ingénierie et prestataire d’Airbus n’a jamais eu d’instance représentant l’unité économique et sociale (UES).
Christophe Eychenne, l’avocat de Force Ouvrière (FO), explique : « Malgré les victoires devant les tribunaux et les demandes de l’inspection du travail, il y avait une volonté délibérée de l’ancienne direction de ne pas avoir d’instance au niveau du groupe. »
En janvier 2023, les nouveaux dirigeants décident donc de tenir un scrutin pour constituer un comité social et économique (CSE) regroupant les sept entités juridiques du groupe en France, ce qui suscite l’espoir de M. Vicens, délégué FO, pour qui il s’agit de la fin d’une décennie d’anomalie sociale. Malheureusement, ses espoirs sont vite déçus, car selon lui, les règles du scrutin ont été biaisées. « Le protocole d’accord préélectoral n’a pas été négocié mais imposé par une décision unilatérale de la direction et l’outil électronique ne garantissait pas l’exercice individuel du vote », explique-t-il. « On était enfin arrivés à organiser des élections. La direction nous les a volées », regrette le délégué syndical.
Une audience de plaidoiries est programmée pour le lundi 24 avril, après que M. Vicens a saisi le tribunal judiciaire de Lyon pour faire annuler le vote.
Vincent Barrat, représentant CFDT, dont le syndicat est arrivé en tête des élections, s’agace de la querelle entre syndicats et direction. Il se demande même si son collègue de FO « ne crée pas sciemment un climat propice aux problèmes pour pouvoir ensuite engager des contentieux et conserver son mandat qui date de 2009 ». Marc Vicens se défend d’être mauvais perdant : « On a contesté les élections avant même leur tenue. Le jour où nous aurons des élections loyales, quel que soit leur résultat, on l’acceptera. »
La direction d’Akkodis estime que les élections se sont déroulées conformément au cadre réglementaire et constituent une « première étape en vue du rapprochement des socles sociaux des différentes entités au sein de la marque Akkodis ». Cependant, FO et ses alliés n’excluent pas de lancer une autre action pour discrimination syndicale et délit d’entrave. « La direction a bafoué les règles de neutralité. Elle a censuré nos tracts et a, au contraire, favorisé la CFDT et la CFTC, devenues majoritaires au CSE. Elle a réussi à mettre à l’écart l’intersyndicale que nous avions constituée avec UNSA et la CFE-CGC », clame le délégué FO.
La direction d’Akkodis ne souhaite pas commenter les actions judiciaires en cours. La suite de cet article est réservée aux abonnés.