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« Ce n’est pas aux malades de soulager le système de santé, c’est l’inverse »

« Ce n’est pas aux malades de soulager le système de santé, c’est l’inverse »



Depuis 2020, un sophisme curieux s’est inscrit dans le paysage médiatique : confinements, comportements de prévention, masques, vaccination ne visent qu’à préserver l’hôpital. En conséquence, on fournit des bulletins de santé réguliers pour un hôpital qui doit être « soulagé » et dont on se demande s’il va « tenir ». Cette focalisation sur la préservation de l’hôpital est une inversion des valeurs. Le raisonnement précédent était de mesurer les besoins de santé de la population pour définir les budgets nécessaires, la répartition et la taille des structures sanitaires. L’objectif était non pas d’adapter l’état de santé des citoyens au système mais d’obtenir la meilleure santé possible pour eux.

Cette nouvelle façon de penser, qui inverse les valeurs, s’est installée progressivement. Depuis 2020, elle est devenue le nouveau paradigme. Les préoccupations financières – comme l’Ondam hospitalier amputé de l’inflation, la tarification à l’activité (T2A) dans les hôpitaux, le paiement à l’acte en médecine de ville, la liberté d’installation et de participation aux gardes – façonnent le système de santé.

Malgré les appels répétés de nombreux professionnels de santé, le système continue sa route, imperturbable. Les citoyens doivent veiller à préserver un système malade. Auparavant, les journaux ne faisaient pas de gros titres sur les morts ou les handicaps qui pourraient résulter d’une nouvelle « vague » de Covid-19, ou sur la recrudescence prévue de trois infections Covid-19, grippe et bronchiolite, encore moins sur les reports de soins. Mais l’angoissante question était : l’hôpital, les professionnels vont-ils tenir ?

Pourtant, ce n’est pas aux malades de soulager le système de santé, mais l’inverse. Nous devrions travailler à instaurer un système de santé dont l’objectif est d’augmenter la durée et la qualité de vie des Français, et pas seulement de « tenir ». Mais cela est-il trop cher, trop luxueux, ou utopique ? Nous pouvons avancer des arguments réalistes, tels que la maîtrise budgétaire, le déficit de l’Assurance-maladie ou la part élevée de la santé dans le produit intérieur brut (PIB)…

La nécessité d’une « remise à plat » du système de santé est régulièrement invoquée. Cela suppose une régulation qui a pour le moment concerné le secteur hospitalier, jusqu’à l’asphyxie. La durée moyenne de séjour en médecine-chirurgie-obstétrique a été divisée par deux entre 1980 et 2011, notamment en raison de la tarification à l’activité. Cependant, l’efficacité des soins permet désormais des séjours courts et le développement des soins et de la chirurgie à domicile. Ce « virage ambulatoire » redéfinit le rôle de l’hôpital et souligne la responsabilité des soins de ville.

En fin de compte, nous devons nous assurer que notre objectif principal est de préserver et d’améliorer la santé de nos concitoyens. Nous ne devrions pas inverser les valeurs pour adapter l’état de santé des Français au système de santé, mais nous devrions plutôt travailler pour permettre à chaque individu de bénéficier de la meilleure santé possible.

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