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La Suisse doit-elle en finir avec sa neutralité militaire ?

La Suisse doit elle en finir avec sa neutralite militaire



Depuis quelques jours, la Suisse a fait l’actualité à propos de sa position sur la crise ukrainienne. Le parlement fédéral a rejeté deux motions en début de mois de mars qui auraient permis d’envisager la réexportation de matériel militaire suisse. Cette décision renvoie toute perspective de voir la Suisse approuver la demande des États européens de soutenir l’effort de défense de l’Ukraine aux calendes grecques. La Suisse vit en marge de l’histoire, seule dans sa position solitaire, invoquant la neutralité. Cependant, cette neutralité ne justifie pas la réexportation d’armes, comme l’ont affirmé les députés trompant la population. La Suisse n’a pas de loi sur la neutralité et le discours sur la neutralité est un prétexte pour l’inaction au nom de prétendues obligations juridiques.

Le modèle de la neutralité suisse est souvent invoqué, mais en quoi consiste-t-il ? La promotion de la paix et les bonnes offices ne sont pas suffisants pour justifier la neutralité, car d’autres pays non neutres font plus de négociations de paix et d’aides humanitaires. Le Comité international de la Croix-Rouge est neutre, mais pas un organe étatique suisse. La neutralité suisse peut être justifiée si la Suisse s’en empare pour lancer des initiatives en leur nom. Elle l’a fait l’été dernier à Lugano, avant que le processus de la reconstruction de l’Ukraine lui échappe. Depuis, elle ne fait plus rien. La Suisse doit donc se réinventer pour rester fidèle à sa réputation d’État neutre et humanitaire.

Le Conseil fédéral dit que l’Ukraine est victime d’une agression et que la sécurité du continent est remise en question, et la Suisse se situe du côté du camp qui se mobilise pour soutenir la défense, y compris militaire, de l’Ukraine. Cependant, la Suisse est la seule à faire valoir sa partition soliste et se recroqueviller sur elle-même par habitude, calcul politique, manque de vision ou de courage. La Suisse doit changer sa politique étrangère pour faire un pas en avant, même si elle ne renonce pas à la neutralité ou n’adhère pas à l’OTAN. La Suisse doit s’inspirer de l’approche de la Suède depuis 1989, qui reste à l’écart des alliances militaires et cultive une politique de neutralité efficace tout en renonçant à une application excessivement rigide du droit de la neutralité. Une attitude progressiste favoriserait la liberté d’action en matière de politique étrangère et sécuritaire, y compris sur les questions de coopération militaire.

L’invasion de l’Ukraine par la Russie est un point de rupture, et les débats fertiles sur le matériel de guerre suisse ternissent la réputation de la Confédération et entravent son rôle d’État neutre. L’approche progressiste de la neutralité ne fait pas encore l’unanimité, mais c’est la solution au statu quo.

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