Le premier ministre burkinabé, Apollinaire Kiélem de Tembela, a demandé à la France « des armes et des munitions » pour les supplétifs de l’armée qui l’aident dans sa lutte contre les djihadistes, selon un article de son service de communication.
Lors d’une rencontre mardi avec Luc Hallade, ambassadeur de France au Burkina Faso, le premier ministre a « souligné que les efforts des partenaires doivent se focaliser sur les aspirations profondes du peuple burkinabé, un peuple engagé à se défendre pour la liberté, contre la barbarie et le terrorisme », indique cet article consulté, jeudi 1er décembre, par l’AFP.
« C’est en cela que se justifie le lancement de l’opération de recrutement de 50 000 volontaires pour la défense de la patrie (VDP) », les supplétifs de l’armée, a-t-il expliqué, ajoutant : « La France pourrait aider cette résistance populaire en fournissant des armes et des munitions et en prenant également en compte la prise en charge financière des braves combattants. »
Aux « inquiétudes » exprimées par M. Hallade « quant à l’impossibilité pour les ONG françaises installées au Burkina Faso de se déplacer sur le terrain pour leurs activités », M. Kyelem de Tembela a répondu : « C’est la raison pour laquelle vous devez nous aider à avoir le matériel nécessaire pour venir à bout du terrorisme. » « Les Burkinabés cherchent une bouée de sauvetage pour leur pays et si cette bouée de sauvetage doit provenir d’un pays autre que la France, pourquoi pas ? », a-t-il ajouté.
Le premier ministre burkinabé a également affirmé lors de cette rencontre que « cela fait six ans que le Burkina Faso est acculé et ça n’émeut personne ». Il a estimé que la France « a fait montre d’une sollicitude différente quand il s’est agi de venir en aide à l’Ukraine dans le récent conflit qui l’oppose à la Russie ».
« Doléance sur la table »
A l’issue de sa rencontre avec M. Kyélem de Tembela, Luc Hallade avait estimé que tout le monde avait « intérêt » à ce que le Burkina, en proie à la violence djihadiste, « reste debout ». Cette demande d’aide aux VDP « est faite de manière répétée, que ce soit par lui [le premier ministre] ou par d’autres autorités » et « c’est une doléance qui reste sur la table », selon une source diplomatique française.
« Mais la question qui se pose pour nous, c’est : si vous avez besoin d’aide dans la lutte contre le terrorisme, pourquoi ne faites-vous pas appel aux forces spéciales (françaises) qui sont basées à Kamboinsin [près de Ouagadougou] et qui sont disponibles pour intervenir ? La seule condition de l’intervention, c’est que vous nous sollicitiez », a-t-elle ajouté.
Selon cette source, « on accuse la France de ne pas aider, mais quand il y a un outil qui est immédiatement disponible et a priori efficace pour une intervention » auquel « on ne fait pas appel, c’est très complexe ».
Les VDP paient un lourd tribut dans les attaques djihadistes de groupes liés à Al-Qaida et à l’Etat islamique qui frappent régulièrement le Burkina Faso, notamment dans nord et l’est.
Depuis 2015, civils et militaires burkinabés sont régulièrement endeuillés par des attaques djihadistes de plus en plus fréquentes, qui ont fait des milliers de morts et contraint quelque 2 millions de personnes à fuir leurs foyers.
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