Le soleil s’est couché sur Doha, enveloppant un instant le stade Al-Thumama de lueurs grenat. Comme un écho aux couleurs arborées par les supporteurs du Qatar venus encourager leur équipe, vendredi 25 novembre. Battu et fantomatique lors du match d’ouverture (0-2 face à l’Equateur), le pays hôte a montré un meilleur visage face au Sénégal, pour son deuxième match dans la compétition. Mais, défaits par les Lions de la Teranga (1-3) et victimes collatérales du match nul entre les Pays-Bas et l’Equateur (1-1), les joueurs de Felix Sanchez Bas sont éliminés de « leur » Coupe du monde. Les Qataris rejoignent dans l’histoire l’Afrique du Sud, jusque-là seul pays organisateur à avoir été sorti dès le premier tour.
Dans un stade acquis à leur cause, ils auront cependant tout tenté, vendredi, pour inverser la vapeur et prolonger l’aventure. Autrement plus entreprenants que face à l’Equateur, les partenaires d’un Akram Afif en jambes ont multiplié les offensives, d’abord brouillonnes.
Au diapason, l’ambiance du stade Al-Thumama, dans la périphérie de Doha, n’a rien eu à voir avec celle du prestigieux Al-Bayt, où s’est déroulée la cérémonie d’ouverture. Montrés du doigt pour s’être largement évaporés en cours du premier match du Mondial – une fois la victoire de l’Equateur acquise –, les spectateurs ont cette fois répondu présents. Entre les tambours sénégalais au rythme incessant et les applaudissements des Qataris, l’enceinte a fêté les 22 acteurs durant tout le match.
Un Sénégal revanchard
Quelques heures après la victoire de l’Iran face au Pays de Galles (2-0), les joueurs de Felix Sanchez Bas ont donné raison au sélectionneur de leurs voisins saoudiens. Hervé Renard n’est pas seulement un « motivateur » de troupes hors pair, comme l’a montré son discours à la mi-temps lors d’Argentine-Arabie saoudite, mardi (1-2). Le sélectionneur à la chemise blanche se transforme également en VRP pour le football arabe et asiatique. « Il y a eu beaucoup de critiques contre le Qatar pour le match d’ouverture. Je peux vous dire que je suis en Asie depuis trois ans, et cette équipe a été championne d’Asie en 2019. Alors elle a complètement raté son match d’ouverture, peut-être trop de pression, mais elle valait mieux que ça », a défendu le coach français.
Mais si le Qatar avait à cœur de se racheter après une entrée en matière manquée, son adversaire aussi. D’emblée, le Sénégal a tenté de faire oublier sa prestation inaugurale inaboutie face aux Pays-Bas (0-2). Plus entreprenants et plus précis, les partenaires d’Idrissa Gueye, auteur d’une frappe manquant le cadre de peu à la demi-heure de jeu, ont été récompensés en fin de première période.
Une intervention complètement manquée du défenseur central qatari Boualem Khoukhi, sur un ballon guère dangereux, a offert la balle à Boulaye Dia. Trop heureux de l’aubaine, l’attaquant a profité du dégagement raté – assorti d’une glissade – pour ajuster Meshaal Barsham (0-1, 41e). Une douche froide dans un stade climatisé. D’autant que, dès la reprise, rebelote. Sur un corner, Famara Diedhiou doublait la mise (0-2, 48e). Titulaire surprise, l’attaquant d’Alanyaspor (Turquie) a honoré le choix de son sélectionneur, Aliou Cissé.
Le premier but du Qatar en Coupe du monde
Les Al-Annabi, qui ont en vain réclamé un penalty en fin de première période après qu’Akram Afif s’est infiltré dans la surface, ont ensuite poussé à tout-va. Dominateurs en seconde période, les coéquipiers du Franco-Qatari Karim Boudiaf ont multiplié les occasions. Eux qui n’avaient pas cadré un seul tir lors du premier match (et de la première période du second) se sont heurtés à un Edouard Mendy solide dans ses cages.
Le gardien sénégalais, qui avait manqué ses débuts dans le Mondial, a effectué deux arrêts de grande classe face à un tir d’Almoez Ali puis sur une reprise de la tête d’Ismaeel Mohammad. La troisième tentative cadrée aura été la bonne pour les Qataris. Et l’histoire retiendra que c’est Mohammed Muntari, fraîchement entré en jeu, qui a inscrit le premier but de son pays en Coupe du monde (1-2, 78e). Ivre de joie, le stade commençait à croire à un possible renversement de la situation. Mais un but de Bamba Dieng (1-3, 84e), profitant d’une défense qatarie peu concentrée, a mis fin aux espoirs.
Dans une fin de match un peu triste, devant des tribunes qui se dépeuplaient, le Sénégal a signé la première victoire d’un pays africain dans ce Mondial. Pour le Qatar, la nuit est tombée, les espoirs de huitièmes de finale aussi.