« Le sport ne doit pas être politisé », répètent en boucle ceux qui n’ont pas le cœur à boycotter un mondial de football qatarien indéfendable sur les plans de l’écologie et des droits humains. Il est pourtant des clins d’œil que le sport fait à la géopolitique. Au moment où des rues sahéliennes souhaitent s’émanciper des expertises françaises, c’est avec l’Arabie Saoudite que le sélectionneur Hervé Renard brille en Coupe du monde. Ce même « sorcier blanc » qui traîna ses guêtres de la Zambie à l’Angola, en passant par la Côte d’Ivoire et le Maroc…
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L’entraîneur français avait réussi le tour de force de remporter deux fois la Coupe d’Afrique des nations (CAN), avec la Zambie en 2012 et avec la Côte d’Ivoire en 2015. En 2018, il avait qualifié le Maroc pour sa première Coupe du monde depuis 20 ans. Un an plus tard, il quittera le continent pour l’Arabie saoudite. C’est avec cette équipe à la réputation médiocre – présentée comme la plus faible du groupe C – que le “beau gosse” a encore trouvé le moyen de se faire remarquer, en battant la prestigieuse équipe de Lionel Messi – double championne du monde –, par 2 buts à 1. Une Argentine abasourdie qui était sur une lancée de 36 matchs sans défaite…
Concurrence féroce
« Le sport ne doit pas être politisé » ? Certes mais des analystes n’auront sans doute pas pu s’empêcher de sourire – cyniquement ou béatement – en regardant l’émir du Qatar brandir un drapeau de l’Arabie saoudite, lors de sa victoire face à l’Argentine. Un geste qui traduit logiquement le sentiment de revanche d’un pays de la péninsule arabique, battu par l’Équateur en match d’ouverture de “sa” Coupe du monde. Mais un geste qui surprend : l’Arabie saoudite et le Qatar se livrent une concurrence géopolitique et religieuse féroce, notamment depuis le milieu des années 1990.
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Au programme des bisbilles entre les deux pays : des guerres de leadership, des fermetures de frontières, des ruptures de liens diplomatiques, des menaces d’actions militaires, des accusations de soutien à des organisations terroristes ou encore des bras de fer sur fond de gisement de gaz naturel à cheval entre deux eaux territoriales. Il aura donc fallu le ballon rond pour que l’émir du Qatar salue chaleureusement son frère ennemi. Rire jaune de circonstance ou passion sincère pour ce sport dans lequel le petit émirat ne cesse d’investir ? Il faut espérer que Lionel Messi, titulaire du Paris Saint-Germain “qatarien”, fera preuve de fairplay…
La phase finale de la Coupe du monde ne fait que commencer. Aux équipes africaines représentées – Cameroun, Ghana, Maroc, Tunisie et Sénégal – d’inventer, d’ici le 18 décembre, leurs propres clins d’œil historiques à la géopolitique mondiale…